Quand les Pléiades, célestes filles d’Atlas, paraîtront sur l’horizon, commencez à moissonner et quand elles commenceront à disparaître, labourez.
Elles restent cachées l’espace de quarante jours et quarante nuits, puis on les aperçoit rouler dans le ciel avec l’année, lorsque les moissonneurs aiguisent leur fer.
Hésiode, VIIIème siècle av. JC. « Les travaux et les jours » vers.383-388
Introduction.
Les grandes découvertes archéologiques changent très souvent, de façon inattendue et surprenante, notre vue du passé. Personne n’aurait imaginé, qu’une victime d’un meurtre aurait pu être conservée dans un glacier des Alpes depuis plus de 3000 ans. Dans la tombe de Toutankhamon, bien que recherché par Howard Carter, le trésor qu’il y découvrit dépassa tout entendement. L’équipe de paléontologues de Donald Johanson espérait découvrir des restes de pré-humains, mais ne s’attendait pas à découvrir, au son de la chanson « Lucy in the Sky with Diamonds », le squelette quasi complet d’un australopithèque afarensis. De grandes découvertes archéologiques, il peut s’agir de trésor en métaux précieux, de momies, de squelettes ou tout simplement d’une épingle en bronze d’origine norvégienne, comme celle découverte dans L’Anse aux Meadows en Terre Neuve au Canada, prouvant que les vikings ont foulé le sol du continent américain près de cinq siècles avant Christophe Colomb.
Le disque céleste de Nebra fait partie de ces découvertes exceptionnelles. Jamais les archéologues n’auraient pu imaginer trouver une représentation céleste de l’âge du bronze. Cette découverte nous permet de remonter dans le monde spirituel de nos ancêtres il y a de cela 3600 ans. Cette trouvaille est la clé de l’archéoastronomie qui nous permet de redécouvrir d’un œil nouveau les grandes réalisations mégalithiques, telles que Stonehenge.
Le lieu de la découverte n’étonne en aucun point les archéologues, car on sait depuis plusieurs décennies que la région de Sachsen-Anhalt, à la croisée des grandes routes d’échanges commerciaux de l’époque, était habitée depuis plusieurs millénaires.
Le disque de Nebra a été mis à jour illégalement par des pilleurs en juillet 1999 à Nebra-sur-Unstrut en Sachsen-Anhalt en Allemagne, avec d’autres objets constituant un vrai trésor archéologique.
Il daterait d’environ 1600 av. JC, à la transition du Bronze ancien et du Bronze moyen et c’est pour l’instant la plus ancienne représentation céleste connue au monde.
Actuellement il est conservé au Musée Régional de la Préhistoire de Halle en Allemagne.
Petit rappel chronologique de l’âge du bronze.
L’âge du bronze est une période de la protohistoire caractérisée par l’usage de la métallurgie du bronze. Aujourd’hui, il est admis que cette période succède à l’âge du cuivre ou chalcolithique, qui s’étendait de 2500 à 1800 av. JC et précède celle de l’âge du fer datée à partir de 800 av. JC. Comme pour les autres périodes de la préhistoire, les limites chronologiques de l’âge du bronze varient considérablement selon l’aire culturelle et l’aire géographique considérées.
L’invention du bronze provoque des mutations profondes dans les sociétés issues du Néolithique. Cet alliage de cuivre et d’étain d’une grande dureté permet la fabrication d’objets de prestige : outils, parures, épées, casques et cuirasses… Très rares, ils sont l’apanage des élites et suscitent la constitution de vastes réseaux d’échange à travers l’Europe. Entre 2500 et 800 av. JC, les techniques agricoles progressent et dessinent un nouveau paysage agraire : fermes, champs et enclos quadrillent le territoire. De nouvelles idéologies apparaissent.
Les grandes fouilles des dernières années ont permis un renouvellement de la connaissance de l’âge du Bronze.
Territoires, milieux, technologies, innovations, échanges, organisations sociales, sédentarisation, ressources et productions agricoles, vie domestique, rites funéraires sont devenus le quotidien de nos ancêtres.
En Europe cette période s’étend de -1800 à-700 environ.
Cette période est divisée en trois grandes subdivisions, elles-mêmes divisées en trois époques.
- Bronze ancien : 1800 à 1400 av. J.-C. environ
- époque I: 1800 à 1700 av. J.-C. environ
- époque II: 1700 à 1600 av. J.-C. environ
- époque III: 1600 à 1400 av. J.-C. environ
- Bronze moyen : 1500 à 1100 av. J.-C. environ
- époque I: 1500 à 1400 av. J.-C. environ
- époque II: 1400 à 1300 av. J.-C. environ
- époque III: 1300 à 1100 av. J.-C. environ
- Bronze final : 1200 à 700 av. J.-C. environ
- époque I: 1200 à 1100 av. J.-C. environ
- époque II: 1100 à 850 av. J.-C. environ
- époque III: 850 à 700 av. J.-C. environ
Le disque céleste de Nebra.
Le disque de Nebra est un objet si spectaculaire que certains archéologues ont supposé au départ qu’il avait été fabriqué par un faussaire.
Dès le début, on a voulu remettre en doute l’authenticité du disque, ce qui en fait ne fut pas une mauvaise chose, car ceci permit d’évacuer tous les doutes possibles. Les analyses scientifiques ont démontré que non seulement l’objet est authentique, mais qu’en plus il est autochtone, c’est-à-dire que les éléments qui le composent sont bien originaires d’Europe centrale et non du Moyen-Orient comme certains avaient voulu le croire au début.
Une étude microscopique de sa patine révèle qu’il est incontestablement très ancien. La taille des cristaux d’oxydation est proportionnelle à la lenteur de leur formation or ceux du disque de Nebra seraient beaucoup trop importants pour être d’origine artificielle.
La fabrication du disque dans la région de sa découverte est confirmée par une étude isotopique du plomb radioactif contenu dans le cuivre du disque. En effet, chaque gisement a une signature isotopique particulière. Le cuivre provient d’un gisement d’une mine du Mittelberg près de Mühlbach am Hochkönig dans les Alpes orientales.
Nombreux sont les conformistes qui furent dérangés par cette découverte. Car selon eux, comment serait-il possible que nos ancêtres « barbares » aient pu créer une représentation céleste bien avant les grandes civilisations telles que les sumériens ou les égyptiens ?
Même si les académiciens avaient décidé que l’histoire devait obligatoirement commencer avec les débuts de l’écriture, il serait fortement injuste de vouloir occulter la richesse des cultures de tradition orale. Le disque de Nebra est une des plus belles preuves de cette richesse culturelle.
Si on s’en tient à la datation des objets qui accompagne le disque, sa première élaboration se situerait aux alentours de 1600 av JC. D’autres dates possibles sont également avancées, qui elles se situent entre 2100 et 1700 av JC.
Pour mieux comprendre ce disque, il faut remonter le temps et se plonger dans les mystères de ces lointains européens de l’âge du bronze, un âge où vivre en harmonie avec la nature n’était pas un choix écologique ou politique, mais bien une nécessité, voire une question de survie.
Il y a environ 4000 ans, la région de Sachsen-Anhalt était habitée par des populations fortement sédentarisées et agricoles. Elles avaient acquis au cours des siècles précédents des techniques très précises concernant l’outillage et le travail de la terre. Les villages étaient alors composés de grandes maisons dans lesquelles vivaient les clans ainsi que leurs animaux. Chaque maison était habitée par environ une douzaine de membres. C’est dans le cœur de ces grandes maisons où la vie sociale prend une dimension véritablement sacrée, que les membres du clan se sentaient unis. L’intimité n’y était pas de mise, car la seule chose qui importait était la vie en communauté et surtout l’appartenance au clan. Les liens de sang et de cœur avaient à cette époque une dimension religieuse indestructible. Les durs travaux agricoles et d’élevage requièrent alors la participation de tous ; l’union est une condition sine qua non pour leur survie et leur évolution.
Imaginez :
C’est dans un de ces villages de cette région, au plus profond de l’âge du bronze proto-germanique, que devant une maison brûle un feu très particulier. Ce feu est celui d’un forgeron assisté par un homme dont le regard exprime une connaissance profonde. Ce dernier donne des directives au forgeron pour la création d’un objet sacré et vital : un disque céleste. Mais qui était cet homme dont les connaissances dépassaient de loin la moyenne des membres de son clan ?
Tel que l’explique l’archéologue Harald Meller, cet homme appartenait très certainement à l’élite du clan, à une aristocratie qui avait acquis de profondes connaissances sur leur environnement suite à de longues observations et réflexions. Une tombe datée de 1900 avant JC découverte dans la même région, à Leubingen, montre justement que le défunt possédait toutes les caractéristiques d’un membre de l’élite : des offrandes composées de bijoux en or, des outils de forgeron et des armes en bronze. Les ustensiles de forgeron dans la tombe démontrent également que ces derniers devaient jouir d’un statut très spécial dans la communauté de l’âge du bronze. La forge à cette lointaine époque est un acte de création relevant de connaissances occultes et magiques. Ainsi, la société plus ou moins égalitaire du Néolithique est petit à petit délaissée pour une société de l’âge du bronze s’articulant clairement autour d’un système élitiste et pyramidal. Les premières formes de l’aristocratie voient le jour, mais ces princes ne basent pas leur pouvoir sur la filiation comme ce sera bien plus tard le cas. Cette élite tire toute sa force des connaissances acquises.
Une histoire digne d’un polar.
Le disque de Nebra n’a pas été mis à jour par des fouilles archéologiques traditionnelles. Ce sont deux prospecteurs amateurs ou plutôt des pilleurs équipés de détecteurs de métaux, se prétendant à la recherche de vestiges militaires de la dernière guerre, qui, par une belle journée d’été 1999, ont mis à jour ce trésor inestimable.
C’est dans la forêt dense, dans le Land de Sachsen-Anhalt en Allemagne, sur la colline du Mittelberg à 4 km du village de Nebra-sur-Unstrut, que nos deux protagonistes ont découvert le disque.
L’extraction du trésor ne se fit hélas pas, dans la règle de l’art, c’est le moins que l’on puisse dire. Nos deux pilleurs ont déterré le disque, qui était fiché dans le sol en position verticale, à l’aide d’un marteau, abimant au passage celui-ci, puis l’ont jeté de côté pensant qu’il s’agissait d’un vulgaire couvercle en métal. Ce ne fut qu’à la découverte de deux glaives avec des pommeaux ornés d’une fine bague en or, qu’ils portèrent leur attention sur le disque.
Après avoir fait leur rapine, nos deux protagonistes comblèrent la fosse de terre pour effacer toute trace de leur forfait.
Le trésor se trouvait dans une petite chambre aménagée dans le sol à l’aide de dalles de pierres. Ce dépôt n’était ni funéraire ni lié à la présence au voisinage d’une installation humaine. Les dépositaires des objets les ont tout simplement abandonnés après les avoir sommairement protégés par des pierres. Cette façon de faire caractérise les offrandes cultuelles de l’âge du bronze. Des milliers de dépôts semblables datant de cette époque ont été retrouvés constitués en grande majorité d’objets en bronze. Le dépôt de Nebra constitue une offrande aux dieux plutôt qu’une cache de guerre, ou un magasin d’artisan. Plusieurs indices montrent que le lieu de la découverte était sacré, car on remarque une coïncidence remarquable. Lors du solstice d’été, le Soleil se couche sur le Mittelberg derrière le Brocken, la plus haute montagne d’Allemagne du Nord (1141m).
Ces amateurs ignoraient tout de la véritable valeur de leur découverte et décidèrent de vendre, quelques jours plus tard, leur trouvaille au marché noir à un receleur de la région rhénane, pour un montant de 31000 marks.
Ce dernier entreprit un nettoyage du disque à la paille de fer, qui eut pour effet d’abimer sérieusement les incrustations en or. Une fois le tout nettoyé, il essaya de vendre le trésor à deux musées allemand, mais face à leur refus, il céda le trésor, par l’intermédiaire d’un nouveau receleur, à un collectionneur peu scrupuleux, pour la somme de 200 000 marks.
En mai 2001, M. Menghin, Directeur du Musée Préhistorique de Berlin, montra une douzaine de photos du trésor que lui avaient remis les hypothétiques revendeurs, à l’archéologue en chef de la région de Sachsen, Harald Meller et lui raconta qu’en 1999 on lui proposa d’acheter le tout pour
1 million de marks. Ce dernier, en voyant les photos, prit tout de suite conscience de l’importance de la trouvaille. Ce qu’il découvrit sur ces photos dépassait tout entendement. Des restes de bracelets spiralés, un ciseau, deux haches à rebords, deux magnifiques épées et un curieux disque en bronze constellé de pastilles d’or dont les positions sont irrégulières comme celles des étoiles dans le ciel : il s’agissait là d’une carte néolithique du ciel !
Ayant pris conscience de l’importance de la trouvaille, il mit immédiatement tout en œuvre pour récupérer ce trésor inestimable et ce fut le début d’une aventure rocambolesque digne des meilleurs polars.
Prévenue, la police devait résoudre deux problèmes majeurs : retrouver les objets et, non moins important sur le plan scientifique, leurs découvreurs. Heureusement les propriétaires successifs n’avaient pas bien conscience de l’illégalité de leurs démarches.
Meller se fit passer pour un potentiel acheteur et contacta les receleurs. Rendez-vous fut pris en février 2002 à l’hôtel Hilton de Bâle en Suisse. La police et le parquet suisse furent mis au courant de la transaction et mirent en place un piège destiné à appréhender les malfrats. C’est dans le restaurant de l’hôtel qu’aura lieu le rendez-vous. Pour parer à tout risque, la clientèle du restaurant a été remplacée par des policiers en civils. Le piège était prêt à se refermer.
Contact fut pris et Meller se montra très intéressé par ce que les receleurs lui montraient ; un glaive et le disque céleste. Après s’être mis d’accord sur le prix de la transaction, 700 000 euros, ce fut au tour de la police d’intervenir et d’arrêter les receleurs. Une perquisition en Allemagne permit de mettre le reste des objets en sécurité et de remonter jusqu’aux inventeurs du trésor, qui permirent de situer le lieu exact de la trouvaille, la colline du Mittelberg, proche du village de Nebra.
A la fin de l’enquête, tous les auteurs du méfait ont été appréhendés et jugés et le trésor put ainsi être restitué au Landesmuseum de Halle de Sachsen-Anhalt.
Grâce à la réactivité de Meller et à l’aide du parquet et de la police suisse, le trésor de Nebra a évité de disparaître à tout jamais dans une collection privée, ce qui nous aurait privé du savoir astronomique de nos ancêtres.
Après sa restauration, le disque céleste a pu intégrer le tout nouveau bâtiment construit à cet effet, le Centre archéologique public Arche Nebra, inauguré en 2004, mettant en valeur tant cette pièce inestimable que le lieu où elle fut découverte.
Pour remercier la ville de Bâle de sa coopération, la région de Sachsen-Anhalt leur a mis à disposition le trésor de Nebra pour une superbe exposition qui a eu lieu au Basler Historischen Museum du 29 septembre 2006 au 29 janvier 2007.
Le trésor de Nebra.
Le résultat du pillage ne contenait pas que le disque céleste mais également deux très beaux glaives. Leurs pommeaux étaient ornés de fins anneaux d’or et de gravures. Une lame de 36 cm de longueur était fixée à la poignée par quatre rivets. Des traces incrustées sur le côté d’un des pommeaux et sur un des rivets, laissent à penser qu’une partie des poignées des épées devaient être recouvertes de matière organique disparue de nos jours. On peut aussi remarquer qu’une partie des pommeaux des épées et les lames sont damasquinées. Sur les lames, le damasquinage est accompagné de fines gravures en formes de lances.
Ces épées de facture exceptionnelle, appartiennent au style des épées de l’Apa découvertes en Roumanie et datant du XVIIème siècle av. JC.
Deux haches à rebords accompagnaient le disque et les épées. Ce sont des haches à rebords avec un système de verrouillage léger de type « Bühl » que l’on peut dater de la fin du Bronze ancien. Ce type de hache était réparti dans une grande partie nord de l’Allemagne, avec un épicentre se situant aux alentours de l’Elbe et de l’Oder.
En plus des objets cités, il y avait un ciseau à rebord qui accompagnait le trésor. Ce ciseau est une variante plus tardive, qui, comme les haches, se date à la limite du Bronze ancien et du Bronze moyen. Ce type de ciseau était très répandu de l’Allemagne de l’est à la Pologne.
Dernière trouvaille dans le site, un amoncellement de fragments d’anneaux qui devaient constituer des bracelets ornementaux spiralés. Malheureusement ces bracelets ont été détruits, sans doute malencontreusement, lors de leur découverte par les pillards. Initialement il s’agissait de deux bracelets, d’un type très répandu dans la culture d’Unétice, une culture du Bronze ancien de l’Europe centrale.
Le disque de Nebra est sans conteste, le disque céleste le plus ancien connu pour l’instant. De son temps il n’avait pas cette couleur verte due à la corrosion du bronze, mais devait être plutôt d’une couleur brun foncé, peut-être presque noir, où les étoiles en or devaient se détacher de façon spectaculaire comme sur un beau ciel étoilé.
Derrière son apparente simplicité, se cachent des données astronomiques complexes qui intéressent les paléo-astronomes et les historiens. On suppose que les peuples préhistoriques, du moins depuis l’avènement de l’agriculture, utilisaient des connaissances astronomiques, comme nous le montre la réalisation de grands monuments, tels que Stonehenge ou New Grange en Grande Bretagne, mais sans aucune preuve détaillée. Les civilisations du Proche-Orient et de l’Egypte ancienne, pourtant riches en images, n’ont légué aucune représentation un peu réaliste du ciel et cette première visualisation au Néolithique provient de l’Allemagne !
Le Professeur Wolfart Schlosser, astronome spécialisé en archéoastronomie, de l’Université de la Ruhr à Bochum, considère ce disque comme un calendrier agricole destiné à repérer le début et la fin des travaux des champs dans l’Allemagne de l’âge du bronze ; une sorte de planiciel réglant les travaux agrestes.
Le disque céleste permet à présent une nouvelle approche détaillée des connaissances du ciel de l’époque ainsi qu’une réévaluation fondamentale de la connaissance astronomique préhistorique et une vue de l’âge du bronze final à venir.
Descriptif du disque de céleste.
Le disque de Nebra est un disque de bronze pesant 2 kg et 50g et d’une épaisseur qui varie du bord de 1,5 mm à 4,5 mm au centre. Son diamètre varie entre 31 et 32 cm. D’une épaisseur de 0,4 mm,
37 insertions d’or sont fixées sur la face avant du disque. Leurs bords y ont été pressés par martelage à l’intérieur de minces gorges.
La disposition des étoiles paraît plutôt arbitraire, hormis les Pléiades, placées entre un croissant de lune et le Soleil ou une pleine lune, ce qui n’en fait que mieux ressortir les sept étoiles.
Les Pléiades étaient déjà connues et représentées dans l’antiquité. En Orient, leur représentation définissait, à une date précise, soit le temps des semis ou le temps des récoltes. Utilisation que l’on retrouve sur le disque de Nebra.
La réflexion des scientifiques commence avec l’archéologue Meller qui analysa la position des Pléiades à l’âge du bronze par rapport à la ligne d’horizon occidentale. Il put constater de manière précise qu’avant de disparaître, les Pléiades au 10 Mars sont encore visibles durant le crépuscule. Cet événement du ciel nocturne est alors accompagné par un croissant de lune tel que l’indique le disque céleste. Le même phénomène se renouvelle de manière opposée le 17 Octobre lorsque les Pléiades redeviennent visibles à l’horizon durant l’aube. Ici, le processus est accompagné d’une pleine lune, et encore une fois l’indication se trouve bien reflétée sur le disque de Nebra dans sa première phase.
C’est l’astronome de Hamburg-Bergedorf, Ralph Hansen, qui eût l’idée d’observer de plus près le croissant de lune qui se trouve sur le disque. La largeur de ce croissant de lune est la première clé du mystère, car cette largeur correspond au 4è jour après la nouvelle lune. Quelle signification pouvait donc bien avoir cette indication pour les anciens de l’âge du bronze ? Après une reconstitution au planétarium de Hamburg reproduisant ainsi le ciel nocturne de cette époque lointaine, Ralph Hansen s’est concentré sur la position de la lune par rapport aux étoiles. Il est apparu qu’un mince croissant de lune se trouvait près de l’amas des Pléiades. Si l’on rapporte la position de la lune à la position des Pléiades comme indiqué sur le disque, il ressort que 12 jours plus tard avec la pleine lune commençait le printemps. Nous sommes donc en présence d’une indication précieuse permettant de marquer exactement le début du printemps.
Mais la réflexion de l’astronome ne s’arrête pas là. Car c’est un ancien texte cunéiforme de Babylone qui allait lui donner une autre clé pour résoudre un des mystères du disque de Nebra. Ce texte, en effet, nous permet de comprendre un élément essentiel pour déchiffrer le disque. Il fait référence au problème qu’ont eu toutes les cultures dont le calendrier était basé sur la lune : le décalage entre année lunaire et année solaire. L’année solaire comporte 365 jours alors que le calendrier lunaire n’en comporte que 354. Le texte babylonien dit donc la chose suivante : durant le mois de printemps, lorsque les Pléiades et la lune se rencontrent après 4 jours suivant la nouvelle lune, il faut rajouter au calendrier lunaire un mois supplémentaire. C’est exactement ce que représente le disque de Nebra dans sa 1ère phase : les Pléiades au 4è jour après la nouvelle lune.
Grâce à cette précision dans le calendrier lunaire, il fut possible d’indiquer un moment crucial pour nos lointains ancêtres : celui qui annonce le temps des semences.
Tout ceci piqua au vif la communauté des spécialistes de l’histoire des civilisations, car depuis le disque de Nebra, l’adage » Ex oriente lux » (la lumière vient de l’Orient) doit être remis totalement en question. L’archéologue Meller dit d’ailleurs à ce propos : » Nous avons dramatiquement sous-estimé
Les Pléiades et la Lune se rencontrent après 4 jours suivant la NL |
les peuples de la préhistoire ! » Le détail qui dérange ceux qui veulent à tout prix faire passer nos ancêtres européens pour des brutes incultes, c’est que 1000 ans avant ce texte babylonien, les
» barbares » du Nord avaient déjà immortalisé en images sur le disque de Nebra la réponse-clé au problème du calendrier lunaire. Le génie européen est donc une réalité historiquement prouvée. Nos ancêtres du Nord construisaient en bois, leurs traditions étaient orales, et certes, cela pose évidemment de gros problèmes aux historiens du XXIè siècle quant à la reconstitution de certains aspects des cultures de la préhistoire européenne. Mais ce n’est pas parce que cette culture leur échappe en partie, que cela voudrait dire qu’elle n’ait pas existé. Depuis trop longtemps, la mauvaise foi de certains historiens atteignait des sommets en tentant de faire passer l’idée que les européens de l’âge du bronze auraient été des êtres culturellement inférieurs. Heureusement que le disque de Nebra est venu remettre les pendules à l’heure en rappelant que nos ancêtres du Nord n’étaient ni inférieurs ni supérieurs. Ils étaient tout simplement les porteurs d’une culture riche, profonde, et fascinante, tout comme l’étaient les autres grandes cultures historiques du monde. Transmettre cette notion ne relève pas seulement d’un défi, mais représente certainement de nos jours un véritable combat culturel et identitaire.
Goseck, le « Stonehenge » allemand.
Pour bien comprendre à quel point ces ancêtres de l’Europe Centrale et du Nord possédaient des connaissances très avancées du monde céleste et qu’ils n’ont pas attendu le Moyen-Orient pour les exprimer, il suffit de remonter encore plus loin dans le passé de Nebra, avant l’âge du bronze, au néolithique exactement. Car en effet, à 25 km de là, se trouve le plus vieux temple solaire d’Europe : celui de Goseck. Daté aux alentours de 4900 avant notre ère, il est largement plus ancien que Stonehenge. Mais contrairement à ce dernier, le temple de Goseck ne fut pas construit en pierre, mais en bois. Les scientifiques ont pu malgré tout reconstituer et reconstruire les contours de ce temple solaire de Goseck. Il s’agit d’un grand cercle en bois constitué de palissades. Trois ouvertures dans ce grand cercle forment des axes. Et grande fut la surprise de constater qu’au solstice d’hiver et uniquement durant ce jour le plus court de l’année, le soleil se levait exactement par l’ouverture sud-est pour se coucher de manière aussi précise par l’ouverture sud-ouest.
C’est par des prospections aériennes que le site de Goseck fut découvert en 2003. Ce cercle de 75 mètres de diamètre, constitué à l’origine de quatre cercles concentriques, était situé sur un monticule, entouré d’un fossé et de deux palissades en bois de la hauteur d’une personne.
Bien que les prospections aériennes aient permis de découvrir 200 autres cercles semblables disséminés à travers toute l’Europe, celui de Goseck en est le plus ancien et le mieux conservé des 20 sites fouillés jusqu’à présent. Nommé le Stonehenge allemand, il précède celui-ci d’au moins deux millénaires. Des tessons de poteries trouvés dans le site, ont permis la datation de l’observatoire vers 4900 av JC.
Réalisation du disque de Nebra.
L’expertise du disque a permis de définir qu’il a été réalisé en quatre étapes distinctes comme le décrit l’archéologue Harald Meller. Une chose est sûre : le disque de Nebra fut modifié chaque fois par une personne intelligente, qui devait appartenir à une certaine élite et qui n’a point cherché à effacer les secrets des phases précédentes, mais plutôt à compléter ces connaissances. Nous sommes donc en présence de phases évolutives du disque basées sur l’héritage antérieur et non sur une récupération destructive. Plus tard, ce phénomène destructeur sera d’ailleurs bien connu des chrétiens qui s’acharneront durant des siècles à détruire les connaissances de l’antiquité païenne. Heureusement ce ne fut pas le cas avec le disque céleste.
La première étape est la création de la plaque avec 32 étoiles, un disque représentant la Lune pleine ou le Soleil et un croissant de Lune.
La deuxième étape, est l’insertion des deux horizons d’or comme l’atteste le recouvrement de deux étoiles par l’horizon de droite et qu’une autre le fut lors de la fixation de celui de gauche, manquant aujourd’hui.
Ces arcs marquent selon toute vraisemblance l’horizon occidental et l’horizon oriental. Ils furent en tous cas la clé pour déchiffrer un autre secret du disque céleste. Les extrémités des arcs forment en effet un angle à 82 degrés. Si l’on rajoute aux axes obtenus avec ces angles à 82 degrés une autre croix marquant les 4 points cardinaux, il en résulte que les extrémités des arcs désignent l’aube et le crépuscule au moment des solstices d’été et d’hiver.
À ce stade, il faut préciser également un autre élément de grande importance : ces angles à 82 degrés sont un phénomène propre au site même de Nebra. Si l’on cherche à adapter ces angles au système des solstices, on ne peut que le vérifier dans la région centrale de l’Allemagne actuelle. Donc, tout comme les autres secrets du disque, ces nouveaux calculs astronomiques prouvent que les changements apportés ne sont pas le fruit d’une importation exotique, mais bien le résultat d’une connaissance autochtone.
La troisième étape est l’ajout d’un troisième arc plus incurvé, portant des lignes et bordé de petites stries. Il ne suit pas la bordure du disque, qu’il touche presque par sa courbure inférieure. Les fines stries indiquent qu’il s’agit d’une barque stylisée. La représentation de la barque solaire se retrouve sur beaucoup de représentations nordiques de l’âge du bronze.
Tout comme dans la mythologie égyptienne, ce symbole représente le voyage qu’effectuait le Soleil, afin de traverser les ténèbres océaniques vers l’ouest, pour finalement renaître chaque matin à l’est.
Dans plusieurs tombes du même secteur géographique, il a été retrouvé des offrandes faites aux défunts, des offrandes d’une nature assez particulière. Il s’agit de petits navires en or qui accompagnaient symboliquement le défunt. On retrouve là aussi le thème de la barque solaire qui permet au défunt de traverser le monde des morts pour renaître vers une autre vie. Tout comme le soleil qui renaît chaque année après les nuits sacrées du solstice d’hiver, le défunt vogue à travers les ténèbres vers l’aube d’une nouvelle dimension cyclique.
Le Sud de la Scandinavie étant géographiquement proche, il est fort probable que les hommes de Nebra aient reçu l’influence de cette région et non de la très lointaine Égypte. Cette conception cyclique de la vie liée à la symbolique de la barque solaire, marqua profondément les religions polythéistes de l’ancienne Europe. La christianisation de l’Europe ne se fera d’ailleurs qu’au prix de nombreuses récupérations en intégrant dans son calendrier catholique d’anciennes fêtes païennes liées au culte des cycles solaires (ex. la Saint-Jean).
La quatrième étape, est le percement de 38 trous espacés régulièrement le long de la périphérie. Cette ultime étape du disque ouvre la porte à bon nombre d’hypothèses possibles. On peut supposer que ces trous servaient très certainement à fixer le disque sur un support comme un vêtement ou une peau tendue servant d’étendard. Ceci aura mis en avant le disque qui n’était dès lors plus occulté et serait devenu le trophée d’une identité religieuse.
Les durées entre ces transformations successives ne sont pas bien établies. Puisque le disque de Nebra était un objet sacré, il est probable que l’on ne le modifiait pas souvent. Les premières analyses métalliques montrent une certaine unité métallurgique entre les différents composants du disque, ce qui permet de dire que ces modifications ont été réalisées en moins d’un siècle. Les éléments apposés sur le disque lors des deux premières étapes sont véritablement Néolithiques, c’est-à-dire caractéristiques de cette époque : des tels horizons ont été observés dans de nombreux sites sacrés à fossés circulaires datant de cette époque. Les deux premières étapes témoignent donc de la connaissance et de l’expérience astronomique des hommes de l’âge du bronze. En revanche, l’apposition d’une barque céleste suggère un tournant décisif vers une mythologie et, après cette époque, la barque céleste sera un symbole religieux central en Europe. Les perçages pratiqués sur le bord du disque nous indiquent qu’à un certain moment il a changé d’emploi.
Analyse astronomique et utilisation du disque céleste
Toute personne qui voit pour la première fois le disque de Nebra, remarque immédiatement le « Soleil, la Lune et les étoiles ». Cette impression est immédiate. La représentation en est très sobre. Ici pas de représentation mythologique, pas de personnage divin. De même les Pléiades sont représentées par un simple amas de sept étoiles.
Même si la représentation astronomique du disque est du premier coup d’œil évidente, il se révèle bien plus compliqué dans l’analyse détaillée.
Les sept étoiles regroupées représentent en toute vraisemblance les Pléiades, alors qu’avec les 25 étoiles restantes, on n’arrive pas à se représenter concrètement l’image de constellations. Ceci fut confirmé par une simulation numérique, qui n’aboutit à aucun alignement d’étoiles reconnaissable.
Les deux arcs de cercles au bord du disque, dont un est manquant, sont définis comme la course du Soleil durant l’année.
Ce sont les « zones héliaques ». Si le disque est tenu horizontalement, avec l’arc de cercle du bateau orienté vers le sud et si des lignes goniométriques sont tracées depuis le centre du disque, les points A et B représentent le lever et le coucher héliaque au solstice d’été, et les points C et D le lever et le coucher héliaque au solstice d’hiver.
Le résultat angulaire des deux horizons, 82°, est défini pour la latitude du lieu de Nebra.
Utilisé au sommet de la colline du Mittelberg, le disque était tenu à l’horizontale, puis on alignait l’extrémité nord-est de l’horizon gauche, avec le sommet le plus élevé du massif de la Hartz, le Brocken. Cet alignement fermement établi, permettait de calibrer le disque.
Les deux luminaires que l’on remarque en premier sur le disque, un cercle et un croissant doré, sont à première vue faciles à interpréter. Pour le croissant il va sans dire qu’il s’agit sans aucun doute d’un croissant de Lune, même si on pourrait l’interpréter comme une phase d’éclipse de Lune ou de Soleil.
Pour ce qui est du cercle doré, on ne peut qu’en déduire qu’il s’agit ici du disque solaire ou d’une pleine lune.
Mais il faut se rendre à l’évidence ; jamais les deux astres ne se trouveront ensemble sur la voute céleste et jamais les Pléiades ne se trouveront aussi près du Soleil, même pendant une éclipse de Soleil. Ce qui fait que le disque doré est sans doute en toute vraisemblance la représentation d’une pleine lune.
Selon les archéologues, le disque de Nebra serait une représentation en deux dimensions d’un modèle en trois dimensions de l’Univers. La voûte céleste formerait une coupole recouvrant une Terre plate. L’image du ciel ainsi matérialisée sur le disque perpétuerait un savoir sur la nature et les saisons.
Les symboliques culturelles des pays nordiques.
Au début de l’âge du bronze il y eut beaucoup de changements au sud de la Scandinavie. Les pays nordiques furent intégrés dans un vaste réseau commercial, surtout pour l’approvisionnement de matières premières pour la réalisation des objets en bronze.
Les objets métalliques ainsi que leur qualité augmentaient de plus en plus, comme en atteste les nombreuses découvertes archéologiques.
De nombreuses représentations culturelles firent aussi leur apparition au bronze ancien. Ainsi on voit apparaître, au sud de la Scandinavie et ce, pour la première fois depuis le mésolithique, des représentations comme le bateau, le cheval, le poisson ou le serpent. De nouvelles représentations comme des motifs non figuratifs comme des roues solaires ou des spirales font également leur apparition.
La représentation la plus caractéristique de l’époque est sans conteste le bateau ou la barque, qui se répandit très rapidement dans les régions nordiques et en Europe centrale. L’épée courbée de Rørby du Westseeland (Danemark), montre la plus ancienne représentation connue de la barque céleste datée d’environ 1600 av. JC. On retrouve également ce motif sur l’épée de Zatja, découverte en Hongrie et datée du 15ème siècle av. JC, sur laquelle on retrouve pas moins de 10 barques gravée en enfilade sur la lame.
Après sa première apparition, la représentation de la barque fut utilisée comme motif durant tout l’âge du bronze et dans certaines régions d’Europe jusqu’à la période pré-romaine.
Le motif de la barque était beaucoup représenté sur des rasoirs, auxquels on attribuait encore d’autres motifs, comme des têtes de chevaux, le tout ayant un rapport avec le voyage céleste du Soleil.
L’importance du bateau ou de la barque est de grande ampleur à l’âge du bronze dans les pays nordiques. La multitude de fjords, de lacs et de rivières, en faisait un moyen de transport de première utilité, conférant au navire un attribut de puissance et de richesse relié au Soleil.
Elles invoquaient un symbole religieux ou mythologique central à côté du cheval et du Soleil. Elles étaient représentées de façon très stylisées, la plupart du temps sans équipage, sur divers objets usuels, comme des rasoirs, boucle de ceinture, etc. Les images des barques sont caractérisées par des stries, le plus souvent sur la partie supérieure de la barque.
Ces esquifs étaient représentés dans la mythologie de l’âge du bronze en relation directe avec la course du Soleil. C’est pour cette raison que la figuration simultanée, sur le disque de Nebra, de corps célestes, des symboles d’horizons et d’une barque n’étonne aucunement les archéologues.
On trouve un exemple marquant de la relation entre barques avec le Soleil sur une boucle de ceinture du bronze final du 9ème siècle av. JC découverte à Floth en Pologne.
En 1885 une fabuleuse découverte, datant de 1400 av. JC, a été faite lors de fouilles à Nors au Danemark. Plus d’une centaine de barques miniatures d’une longueur de 10 à 17 cm, recouvertes d’une feuille d’or furent mises à jour. Certaines de ces barques sont décorées de cercles concentriques, qui représentent sans doute possible le Soleil.
On retrouve aussi bon nombre de représentations de barques et de bateaux gravés dans la pierre à travers toute l’Europe du nord, comme à Backa ou à Torsbo en Suède.
Dans la culture nordique, le déplacement du Soleil sur la voute céleste, a souvent été représenté sous différents aspects. Hormis la représentation de la barque céleste, le Soleil utilisait également un char, comme en atteste la formidable découverte faite le 7 septembre 1902 à Trundholm au Danemark, par un paysan labourant son champ.
Le char solaire de Trundholm est un merveilleux ensemble de 60 cm de long représentant un cheval de très belle facture sur quatre roues, tractant un char à deux roues, surmonté d’un Soleil. Le disque solaire d’un diamètre de 25 cm a conservé une partie de sa dorure sur une des faces. La face dorée, située sur la droite du cheval, représenterait le parcours diurne du Soleil, alors que l’autre face, sombre, dépourvue de dorure, représenterait son parcours nocturne. Datée aux alentours de 1400 av. JC, c’est actuellement la représentation la plus ancienne du char solaire et est visible au Nationalmuseet de Copenhague.
On retrouve l’idée d’un Soleil tracté par des chevaux dans plusieurs civilisations antiques, comme en Inde ou en Mésopotamie. Même dans les cultures grecques et romaines le dieu solaire était accompagné de chevaux. Le char solaire fait partie, avec la barque solaire représentée sur le disque de Nebra, de la plus ancienne illustration du voyage d’un corps céleste symbolisant le renouveau journalier.
Conclusion.
Lorsque les archéologues décidèrent de reconstituer in situ la position exacte dans laquelle furent découverts le disque et les autres objets, ils constatèrent un fait étrange. Le disque avait reçu les honneurs posthumes d’un défunt. En effet comme il était d’usage à l’époque de Nebra, le défunt recevait des offrandes pour son voyage dans l’au-delà et ces offrandes se faisaient très souvent en double. C’est exactement ce que les archéologues purent constater pour le disque céleste. Posé verticalement, avec très certainement la barque solaire vers le bas, le disque avait reçu en offrande deux épées et deux haches. Il est clair qu’un rituel avait dû accompagner l’enterrement du disque.
Il faudra attendre 3600 ans pour que le disque céleste de Nebra soit déterré et ressorti des brumes d’un passé que l’on aurait pu croire englouti à jamais.
C’est une belle découverte. Dommage que de vrais archéologues ne furent pas présents ce jour-là. La datation du disque correspond à la fin de la culture d’Aujetitz d’Europe centrale entre 2300 et 1600 av. JC, ce que confirment les fouilles officielles sur le site de Mittelberg et ses alentours. Mais les interprétations vont souvent plus loin. Certains font de la région un observatoire astronomique séculaire et un lieu sacré, en rapprochant le disque de Nebra du Site de Goseck proche de 25 km, mais éloigné de plus de 3000 ans dans le temps.
On peut ici conclure, qu’il y a plus de 3600 ans, la représentation du ciel passionnait déjà les esprits et qu’une tentative de représenter un amas d’étoiles, les Pléiades, fut réalisée. Mais est-ce que, à cette époque, les connaissances des habitants du nord de l’Europe étaient plus avancées en matière d’astronomie que celles des égyptiens ou des babyloniens ?
Les énigmes du disque céleste de Nebra ouvrent ainsi les portes d’un monde oublié et lointain, celui de nos ancêtres pas vraiment « barbares » de l’âge du bronze. C’est un univers qui envoûte et qui nous invite sur les chemins perdus de nos racines du Nord afin de boire à une des sources de notre identité. Et c’est pourquoi nous pouvons affirmer à ce stade que le disque céleste possède un véritable pouvoir magique, ne serait-ce que par le fait qu’il nous ait permis ce voyage dans le temps, un voyage permettant d’entrevoir une des pages les plus méconnues de notre histoire d’européens.
Très beau reportage j’adore me balader dans les temps si lointains et découvrir que nos très lointains enceins n’avait pas grand chose a nous envier ! Merci
Je n’en avais jamais entendu parler jusqu’au jour où j’ai lu » Le Premier jour » de Musso.
Je suis donc allé voir sur Internet ce qu’il en était.
Bonjour,
J’ai beaucoup apprécié votre article sur le disque de Nebra et je souhaiterais connaître si possible les sources que vous avez utilisée pour l’écrire.
Meilleures salutations
Madame, Mademoiselle,
Tout d’abord merci pour votre remarque sur mon article.
Pour le rédiger, je me suis essentiellement aidé du catalogue de la superbe exposition sur le disque de Nebra qui a eue lieu de septembre 2006 à janvier 2007, au « Historischen Museum » du Bâle en Suisse. Cette ouvrage très complet et richement illustré sur le sujet, a été écrit par Harald Meller et publié par le « Landesamt für Denkmalpflege und Archäologie Sachsen-Anhalt. Écrit en allemand et vendu uniquement lors des expositions, je crains fort que vous ne le trouviez dans le commerce.
Paul KRAFFT