Le Festival d’astronomie de Fleurance 2016


« En détectant des ondes gravitationnelles, nous avons doté l’humanité d’un nouveau sens, et cela vous coûte 10 centimes par année et le prix d’un café sur 10 ans ; Mesdames et Messieurs, merci pour vos 10 centimes ! »

                                     Alejandro BOHE

AVERTISSEMENT : Cet article est très long, mais toute les parties peuvent être lues indépendamment suivant l’intérêt du lecteur pour tel ou tel sujet de conférence ou de cours.

Introduction

« Chaque astronome amateur doit au moins une fois dans sa vie participer à un festival d’astronomie à Fleurance. »

                                      Jean-Luc GARAMBOIS

Cette année, je décidai d’aller enfin voir ce qu’est cette rencontre. Une fois rentré, je peux faire le bilan. Ce fut un véritable pèlerinage ! J’y ai appris autant de choses en une seule semaine qu’en une ou deux années de lecture, seul dans mon coin. J’ai par exemple enfin compris comment est émise une onde gravitationnelle (voir plus bas).

13 conférences, 4 cours parfois de haut niveau, 5 cafés en compagnie de nombreux astronomes et, cerise sur le gâteau, des discussions personnalisées avec des professionnels. En effet, nous eûmes la chance de loger chez l’habitant, au même endroit que certains conférenciers. Alors au petit déjeuner, les discussions allaient bon train, entre festivaliers et chercheurs professionnels !

Le festival d’astronomie de Fleurance en quelques mots ou chiffres

Le site officiel du festival d’astronomie de Fleurance : http://www.festival-astronomie.com/

En 2015, 24 000 entrées, c’est le plus grand festival scientifique d’Europe. On nous annonce 10% de progression pour 2016.

On peut y assister à une cinquantaine de conférences et de cours différents, donnés par plus d’une trentaine de chercheurs.

On y projette des films, on y lance des micro fusées à poudre, des ballons sondes, des montgolfières et on y fait des veillées d’observation.

Inutile ici que je développe plus, il suffit pour se convaincre de la richesse du festival et pour trouver le programme, de cliquer ici.

Prix : plus de 200 € si l’on veut voir 5 événements par jour, mais ça les vaut largement.

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Affiche officielle de cette 26ème édition, prise sur le site officiel.

Impression générale

Chacun s’inscrit aux conférences de son choix. J’ai eu un sentiment de frustration, car j’aurais voulu en voir le double, mais impossible, plusieurs se chevauchent dans le temps.

Quand on se promène à Fleurance pendant le festival ou quand on va manger une pizza dans le restaurant du coin, on voit dans la rue des astrophysiciens, des géologues, des mathématiciens, des biologistes, professionnels et parmi les plus célèbres de leur domaine de recherche. L’ambiance est très décontractée.

Les festivaliers sont très sympathiques, il n’y a pas de problème. Il y en a pour toute la famille, des plus jeunes aux plus âgés.

Et surtout, on peut poser les questions que l’on désire après les conférences ou pendant les cours, ou parfois même dans une rue de Fleurance quand on rencontre la personne dont on sent qu’elle pourrait répondre à notre question. A propos des questions, un fait m’a vraiment marqué. Les conférenciers avaient la plupart du temps tout de suite la réponse à toutes les questions posées. Et on s’aperçoit ainsi que non seulement ils se sont déjà posés eux-mêmes cette question avant, ou alors on leur a déjà posé cette question avant, mais en plus, ils y ont déjà réfléchi en la retournant dans tous les sens !

En quittant le festival, j’étais au courant des dernières avancées dans bien des domaines : Mars, les ondes gravitationnelles, les exoplanètes, les comètes, les missions spatiales, les algorithmes de traitement des images, les nouveaux instruments et j’en oublie.

Le plus simple est donc que ci-dessous, je résume certaines conférences ou cours auxquels j’ai assisté, en insistant sur des parties qui m’ont marqué. Attention, il est impossible de retranscrire ici tout ce qui a été dit aux conférences. Je donne juste mon impression sur chacune. Je parle de certaines notions, anecdotes, que j’ai trouvées amusantes, surprenantes, révolutionnaires… Ainsi, les lecteurs se feront une idée sous la réalité de tout ce dont on peut entendre parler en un seul festival de Fleurance ! Sous la réalité, car je n’ai vu que la moitié des conférences, et aussi parce que parfois la difficulté était trop grande pour que je comprenne moi-même, notamment en ce qui concerne les cours « fil noir ». Les cours sont classés par niveaux « fil jaune », « fil rouge » et « fil noir ». J’ai suivi trois cours « fil noir » et un cours « fil rouge ». Non parce que je suis prétentieux quant à mon niveau, mais parce que ce sont ces sujets-là qui m’intéressaient. Il y a deux cours « fil noir » où j’ai été mis en difficulté, dont un quasiment tout le long ! Mais pas grave, j’ai compris le principe. De plus, j’ai pris des notes très détaillées.

Les conférences sont plus ou moins grand public, mais grand public astronome tout de même : les conférenciers s’adressent plutôt à un public d’astronomes amateurs. Les conférences attirent quasiment toujours plusieurs centaines de personnes.

Les conférences

« Einstein et les ondes gravitationnelles« , Alexandre LE TIEC, LUTH de l’observatoire de Paris (Laboratoire Univers et THéorie), enseigne la relativité générale en master à Paris, spécialiste des trous noirs, dimanche 7 août, 18h30-20h00

Cette conférence a été une révélation pour moi.

Sujet d’actualité, les ondes gravitationnelles ont été très présentes cette année à Fleurance. Alexandre nous présente l’espace-temps comme une sorte de « gelée » qui peut se déformer ou vibrer : des ondes peuvent s’y propager. Trois observations de fusion de trous noirs ont été faites (été 2016) et d’ici 2020, on en fera plusieurs centaines par an. Il nous parle du futur projet de 3 satellites ELISA, éloignés de 1 million de kilomètres, qui permettront d’observer les systèmes à très fort rapport de masses. Il nous montre les dessins de l’orbite d’un trou noir de masse stellaire tournant autour d’un trou noir galactique (fusion de trous noirs à très fort rapport de masses ou EMRI en anglais) : l’orbite ne se situe pas dans un plan, pourtant c’est bien un problème à 2 corps ! Ce sont les spins des trous noirs qui induisent cela, j’ai posé la question au cours d’un café astro ultérieurement. Cela est aussi vrai pour des trous noirs de masses comparables. Alexandre nous fait « écouter » les ondes simulées que l’on captera en provenance des EMRI, transposées en ondes sonores. Cela me donne la chair de poule. Déjà 115 jours avant la fusion, le trou noir de masse stellaire va à 1/3 de la vitesse de la lumière ! Le « petit » trou noir est en quelque sorte une masse test qui va permettre de cartographier le champ gravitationnel induit par le grand trou noir : à la clé, une meilleure compréhension de la gravitation.

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EMRI, image du fabuleux site : http://www.black-holes.org/

Le conférencier nous présente des simulations numériques spectaculaires et nous fait écouter les sons décrits ci-dessus.

Tout ceci est accessible sur ce site, à visiter complètement :

http://www.black-holes.org/gw150914

Pour les sons (en écouter plusieurs) :

http://gmunu.mit.edu/sounds/emri_sounds/a0.998/a0.998.html

(Voir cours « fil rouge » plus bas)

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LIGO, image du fabuleux site : http://www.black-holes.org/

« Des planètes aux exoplanètes« , Arnaud CASSAN, chercheur à l’IAP et maître de Conférence à l’UPMC, spécialiste de la détection d’exoplanètes par lentille gravitationnelle, lundi 8 août, 11h15-12h45

Le conférencier nous refait toute l’histoire de la détection des exoplanètes. Il nous montre la forme des courbes de lumière dans le cas des détections par lentilles gravitationnelles. Ces exoplanètes sont surtout recherchées dans le Sagittaire, là où les chances d’alignement d’étoiles sur notre ligne de visée est la plus grande. La détection par cette méthode ne permet de « voir » la planète qu’une seule fois.

Il existe des exoplanètes atypiques : des Jupiter enflées (même masse, mais plus grosses que Jupiter), des exoplanètes avec 4 soleils dans le ciel, des systèmes avec 7 exoplanètes qui tiendraient dans l’orbite de Vénus, des exoplanètes sur des orbites très elliptiques. Il existe des planètes sans étoile.

Il existe certainement plusieurs scénarios de formation des planètes. On est à peu près certain désormais qu’il y a au moins une exoplanète par étoile et que les plus courantes sont les plus petites. Et les petites exoplanètes préfèrent les systèmes à plusieurs exoplanètes.

J’ai enfin compris la différence entre « naine brune » et « très grosse planète ». Elles peuvent avoir la même masse, mais c’est leur structure interne qui fait la différence. Une naine brune est une « étoile ratée » et est constituée essentiellement de gaz. Une exoplanète géante est aussi constituée d’éléments lourds avec noyau. Il y a une continuité dans la taille des objets et il n’y a pas de frontière nette.

« Pluton, reine des planètes naines« , Bernard SCHMITT, directeur de recherche CNRS, Institut de Planétologie et Astrophysique, Grenoble, travaille sur les surfaces des planètes, sur les missions Rosetta, Mars express et New Horizon, lundi 8 août, 15h00-16h30

Le conférencier nous raconte un tas d’anecdotes sur les noms des astres du système Pluton-Charon. Pluton commence par « PL », comme « Percival Lowell » et Charon ressemble à « Charlène », le prénom de la femme de John Christie. Hydra commence par « h », comme « Hubble » et Nyx par « N », comme « New Horizon ».

La surface du fameux cœur de Pluton a moins de 10 millions d’années et cela est très surprenant qu’un astre de cette taille aux confins du système solaire soit aussi actif. Ce sol est composé de glace d’azote, en convection ! Un mouvement complet de convection dure 1 million d’années. Pour qu’il y ait des convections dans la glace d’azote, on estime que l’épaisseur de la couche doit être d’au moins 500 mètres. Ces mouvements de convection dessinent des sortes de polygones à la surface de Pluton. Sur les bords du cœur, la glace part vers les vallées.

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Le « cœur » à la surface de Pluton

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Les polygones de convection de la glace d’azote.

Images du site de référence : https://www.nasa.gov/mission_pages/newhorizons/images/index.html

« Maîtriser la gravité« , André FÜZFA, professeur à l’université de Belgique, spécialiste en relativité générale et cosmologie et spécialiste de la gravitation, lundi 8 août, 18h30-20h00

On peut contrôler toutes les forces, sauf la gravitation : on n’a pas d’interrupteur qui permette de la couper. Notre technologie maîtrise et utilise trois des 4 forces fondamentales. Les générateurs de gravité sont très courants dans la science-fiction (extraits et images de Star Trek, Interstellar…). Attention, on ne parle pas ici de la gravité par centrifugation, qui est « polluée » par une force de Coriolis ! Le principe d’équivalence est fondamental ici : « Un objet en chute libre ne ressent plus son poids ». Le conférencier nous passe ensuite un extrait du film « Retour vers le Futur » : « Ce truc-là est électrique ».

Les équations de la relativité générale prévoient qu’un générateur de champ magnétique est aussi un générateur de gravité. Le conférencier précise qu’il est le seul à travailler là-dessus. Il a calculé le champ de gravité engendré par un électroaimant. Il est très faible et très dur à détecter. Si on arrivait à le détecter, on pourrait étudier la gravité produite par autre chose que toute une planète avec toutes ses particules et ses énergies de liaison etc.

« Il faut aller vers l’ingénierie gravitationnelle ». Le problème est l’intensité des courants électriques nécessaires pour y parvenir, qui est astronomique et qui réduirait en lambeaux tout être humain plongé dans un tel champ magnétique !

(Voir cours fil noir plus bas)

« De quel Univers parlent les physiciens, Univers physiques et mathématiques« , Jean-Philippe UZAN, CNRS, IAP, IHP, cosmologiste théoricien, lundi 8 août, 21h30-23h00

Cette conférence est presque une conférence d’épistémologie !

Le conférencier nous expose des résultats de la cosmologie. On « voit » avec nos 5 sens et notre cerveau ne cesse de nous tromper. Il voit des choses qui n’existent pas (exemple de la figure où l’on voit des triangles, alors qu’il n’y en a pas). Même pire : il existe des tambours qui produisent le même son, alors que la forme des membranes est différente. Donc si on écoute le son émis par un tambour, on n’est pas certain de réussir à retrouver la forme de sa membrane, donc de remonter en quelque sorte à la « nature » de l’objet dont on perçoit le signal sonore ici. On utilise des instruments pour « voir » à différentes échelles. On observe quelques choses à travers différentes longueurs d’ondes, et à chaque fois, l’objet observé est différent.

On fait différentes hypothèses quand on fait de la science, comme par exemple, « il existe une réalité en dehors de moi ». On s’interroge quant à la nature de notre savoir : les équations décrivent-elles vraiment ce qui se passe dans la nature ? Il ne semble pas y avoir de limite évidente à ce que permettent de modéliser les équations, elles servent même à faire des modèles sociologiques.

Un moment, le conférencier demande « Pourquoi un avion vole » : à cause de la forme de l’aile, mais aussi parce qu’une compagnie l’a commandé, parce qu’il est économiquement rentable de le faire voler, pour transporter des passagers…

On ne peut pas déduire une propriété macroscopique « émergente » en observant les composants à l’échelle en-dessous.

Quel est le rôle des mathématiques en physique ? L’indiscernabilité entre deux électrons, objets de la physique auxquels on associe une structure mathématique, qui permet alors de les manipuler « mathématiquement ». Si l’on échange toutes les particules unes à unes entre deux corps humains de même masse, chacun restera lui-même ! En remplaçant les particules par une structure mathématique manipulable, on peut oublier les objets matériels et travailler avec les concepts mathématiques. Attention, il faut prendre des précautions quand la complexité croit, à cause des propriétés émergentes.

« Première détection d’ondes gravitationnelles« , Alejandro BOHE, IAP, collaboration LIGO, mardi 9 août, 11h15

Une onde gravitationnelle se déplace dans le tissu d’espace-temps, qui peut vibrer. Et ces ondes interagissent très peu avec la matière.

Le conférencier donne quelques équations qui me permettent enfin de comprendre les choses.

h ∼ (2G)/(c4D) × (d2Q)/(dt2)

Le signe ∼ signifie ici « varie comme ».

h est l’amplitude de l’onde gravitationnelle.

G et c sont respectivement les constantes de la gravitation et la vitesse de la lumière.

D est la distance de la source.

Q est le quadrupôle. Et on ne doit ici considérer que sa variation dans le temps, c’est cela qui est important et ce n’est que si cette variation dans le temps est non nulle qu’il y a émission d’ondes gravitationnelles. Qu’est-ce que le quadrupôle ? C’est une quantité qui dit à quel point un système physique n’est pas à symétrie sphérique.

C’est à partir de là que j’ai compris et que j’ai commencé à pouvoir répondre tout seul aux questions que je me posais. Par exemple, une simple accélération de masse ne produira pas forcément d’onde gravitationnelle. Une accélération d’une masse ponctuelle ne produit pas d’onde gravitationnelle, ni une explosion de supernova parfaitement symétrique (il n’en existe pas de parfaitement symétrique). Par contre, une explosion de supernova qui n’est pas de symétrie sphérique ou un pulsar en rotation avec une petite montagne de quelques millimètres à sa surface (donc un pulsar qui n’est pas de symétrie sphérique) produiront des ondes gravitationnelles.

Autre équation, lorsque deux trous noirs de masse comparable spiralent l’un autour de l’autre :

(v2/c2) ∼ (Rs/r)

Rs est le rayon de Schwarzschild, v la vitesse linéaire des trous noirs (de masses comparables) et r le rayon de l’orbite.

Si r diminue et s’approche de Rs, la vitesse linéaire de rotation v s’approche donc de c.

Attention, l’amplitude de l’onde gravitationnelle est en 1/r (et pas en 1/r2).

Pour l’instant, on n’a pas accès aux fréquences sous 10 Hz, à cause du bruit.

Dès que Virgo entrera en service (fin 2016), on localisera les sources à 10 degrés carrés près, contre 600 degrés carrés près avec seulement les deux LIGO.

C’est au cours de cette conférence qu’Alejandro prononça la citation du tout début de cet article, sur le coût de la détection des ondes gravitationnelles.

(Voir cours fil rouge plus bas)

« Les univers multiples« , Aurélien BARRAU, professeur à l’université Grenoble-Alpes, chercheur au laboratoire de physique subatomique et de cosmologie du CNRS, invité comme visiteur à l’IHES de Bures-Sur-Yvettes et à l’Institute for Advanced Study de Princeton, mardi 9 août, 18h30-20h00

Le conférencier commence sa conférence en récitant un grand classique de la littérature (que je ne connaissais pas). Il utilise des mots de la langue française qui ne sont pas utilisés couramment. C’est le seul conférencier de tout le festival qui nous fait une conférence sans aucun support visuel ! Et pourtant, personne ne semble décrocher.

Il fait un long discours sur les médiateurs cosmiques, les photons, les neutrinos, les ondes gravitationnelles, les rayons cosmiques. Il rappelle que quand on observe le ciel à différentes longueurs d’ondes, on ne voit pas du tout les mêmes astres. Il nous rappelle les conséquences de la relativité restreinte et de la relativité générale. La cosmologie est une science bien à part : les expériences sont non reproductibles (le big bang a eu lieu une seule fois) et nous faisons partie du système étudié.  La cosmologie voit des paradoxes : Pourquoi des zones diamétralement opposées de l’univers ont-elles les mêmes propriétés ? La théorie de l’inflation explique cela. En thermodynamique, les trous noirs sont les objets les plus complexes de l’univers (information), alors qu’en relativité générale, ce sont les objets les plus simples de l’univers. Qu’est-ce que la matière noire ? L’énergie sombre ?

La théorie des cordes a une cohérence mathématique, mais aucune observation ne la valide. Il lui faut des dimensions supplémentaires. C’est comme si l’on demande à quelqu’un de faire 4 triangles équilatéraux avec seulement 6 allumettes ! Le seul moyen est de faire un tétraèdre dans l’espace en ayant donc recours à la troisième dimension. Les dimensions compactées de la théorie des cordes donnent naissance à une multitude de lois possibles.

La théorie de l’inflation avec la théorie des cordes donnent naissance à la possibilité de l’existence d’un « chapelet » d’univers très différents du nôtre avec des lois différentes. Il pourrait y avoir des univers sans temps, sans lumière ou sans atome, mais dans la plupart de ces univers possibles, la complexité serait impossible. Les lois de notre univers sont juste bien ajustées pour que la complexité y soit possible.

On se demande donc naturellement pourquoi les lois physiques de notre univers mènent à la complexité. Il y a trois possibilités : soit, c’est un hasard incroyable que  l’univers ait justement les bonnes propriétés qui rendent la croissance de la complexité possible ; soit il y a un Dieu créateur qui a voulu tout cela ; soit il existe une infinité d’univers différents, dont de rares auraient des lois autorisant la croissance de la complexité, et nous ne pouvons exister que dans un univers autorisant l’existence de la complexité.

Mais cette dernière hypothèse est-elle bien sérieuse ? Est-ce de la science de poser cette question ? Peut-on essayer de le prouver ? Peut-on tester la théorie d’Everett (des univers parallèles se créent constamment) ?

La gravitation quantique à boucles implique un multivers temporel (succession incessante de big bang et big crunch).

Il y a d’autre théories candidates pour devenir les théories de la Grande Unification en plus des deux les plus célèbres et les plus courantes (théorie des cordes et gravitation quantique à boucles) : la géométrie non commutative, etc… Mais le problème, c’est que très peu de personnes travaillent dessus. Pour qu’une théorie se développe sérieusement, il faut que pendant quelques décennies, quelques centaines de personnes travaillent dessus.

Dans notre univers, certaines prédictions observables devraient être différentes si effectivement le multivers devait exister, mais on ne sait pas (encore) lesquelles.

Il semblerait aussi qu’un autre multivers possible puisse exister : à certains endroits, l’inflation est encore en cours, alors qu’à d’autres endroits, elle s’est arrêtée.

En tout cas, l’existence du multivers spatial de « premier niveau » qui dit que si notre univers spatial a une taille infinie, alors, il y a à une certaine distance des copies de nous-mêmes (le nombre d’états quantiques d’un nombre fini de particules indiscernables nous l’imposerait) semble pouvoir exister pour Aurélien Barrau. Le multivers de dernier niveau de Max Tegmark semble beaucoup plus spéculatif. Ce dernier niveau de multivers dit que tous les univers mathématiquement possibles existent et constituent le multivers (est-ce la même chose que « tous les univers simulables dans un ordinateur » ?).

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Photo extraite de cette page à lire : http://www.les4verites2brane.com/il-est-probable-que-nous-ayons-tous-un-double-dans-d-autres-univers

« L’univers en 3D avec Muse« , Thierry CONTINI, Directeur de recherche au CNRS, chercheur à l’université Paul Sabatier de Toulouse, au sein de l’IRAP, mercredi 10 août, 11h15-12h45

Le conférencier nous dit des généralités sur les galaxies. Elles existent depuis 13 milliards d’années et elles évoluent et changent de forme en permanence. Elles ont une rotation différentielle. Elles peuvent passer de l’état spirale à l’état spirale barrée et redevenir spirales… Pour une galaxie géante, on a 100 000 petites galaxies. Les petites forment beaucoup d’étoiles, les grosses moins. On peut donc distinguer les différents types de galaxies par la spectroscopie. Il nous rappelle ce qu’est le modèle hiérarchique : les galaxies s’agrègent pour en former de plus grosses. Il nous montre une magnifique simulation de l’accrétion de plusieurs galaxies naines qui en forment une plus grosse après des milliards d’années.

Quand se sont formées les premières galaxies ? Muse n’aidera pas à répondre. Quel est le moteur de l’évolution des galaxies ? Muse aidera à répondre. La Hubble Deep Field montre des galaxies très faibles, mais le télescope Hubble ne donne pas de spectre et ne permet donc pas de connaître les distances. Il faut pouvoir mesurer toutes les distances des galaxies du champ.

Pour cela, on peut faire des images avec différents filtres, car les galaxies très lointaines n’apparaissent que sur les images prises en Infrarouge lointain. Ou alors, on peut faire de la spectroscopie multi-objet (100 spectres en même temps). Mais pour cela, il faut présélectionner les objets du champ et mettre une fente dessus ! Cela est très coûteux en temps de télescope.

L’autre voie est d’utiliser Muse. C’est un spectrographe à intégrale de champ : une Deep Field en 3D, installé sur un des 4 instruments du VLT. La lumière est découpée en une multitude de petits faisceaux analysés indépendamment. Muse a nécessité 10 années de fabrication.

On obtient un cube de données, un ensemble d’images prises à plus de 4 000 longueurs d’onde différentes d’un seul coup ! Le champ de Hubble Deep Field a été pris et certaines galaxies s’allument et s’éteignent suivant la longueur d’onde à laquelle on regarde : on en voit même plusieurs qui ne sont pas sur l’image de Hubble, car Hubble ne fait que l’image dans une bande de longueur d’onde bien plus large et donc les faibles signaux de ces galaxies qui brillent dans des bandes du spectre très étroites sont noyés dans le bruit. Pas avec Muse ! On connait en plus leur redshift, donc leurs distances.

En 2017, il y aura une nouvelle optique adaptative au VLT avec cette fois-ci 4 étoiles artificielles. Et Muse sera encore bien plus efficace.

Le conférencier, pour nous montrer à quel point Muse est un capteur révolutionnaire nous indique les points suivants : On pourrait mettre 3 thèses sur un seul cube d’information de Muse (un cube d’information s’obtient en quelques heures d’observation) ; les américains nous envient vraiment Muse ; on croule littéralement sous les données : il va falloir les analyser ; ce sont des algorithmes spécialisés qui analysent les images dans la pratique et non pas des humains, ce serait impossible.

Je ressors de la conférence enchanté et impressionné.

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Qui a dit que Muse n’était pas impressionnant ? Image du site : https://www.eso.org/public/france/images/ann13071c/

« Curiosity : recherche du passé de la Terre« , Violaine SAUTTER, Directrice de recherche, laboratoire de minéralogie du MNHN, médaille d’argent CNRS, mercredi 10 août, 18h30-20h00

Faire de la généalogie sur Mars donne accès à des archives perdues sur Terre, à cause de la tectonique des plaques. Curiosity fonctionne très bien, mais est maintenant très poussiéreux. C’est amusant, la conférencière semble attacher une grande importance à l’état de propreté du robot, qui va se dégradant, elle en parle à plusieurs reprises ! L’hémisphère sud de Mars est très vieux et cratérisé. Le nord est bien plus jeune et plus bas : on se demande s’il n’y avait pas dessus un océan. Il n’y a pas de tectonique des plaques sur Mars. Sur Mars, 70% des terrains ont plus de 3 milliards d’années. Sur Terre, moins de 0.1% des terrains ont plus de 4 milliards d’années. Sur les sites martiens de plus de 3,7 milliards d’années, on trouve des argiles et des sulfates. Les argiles sont des basaltes retravaillés. On trouve aussi beaucoup de perchlorates, donc s’il y a de l’eau, elle risque de ressembler à de l’eau de Javel : cela n’est pas bon pour la vie ! Le robot suivant de la NASA (le cousin de Curiosity) aura un micro pour capter les sons sur Mars. Il est très difficile pour les chercheurs de se mettre d’accord entre eux pour savoir ce qu’ils veulent regarder.

Mais aujourd’hui, une chose est certaine, Curiosity l’a certifié : OUI, MARS ETAIT HABITABLE. (Attention, personne n’a dit qu’elle était habitée ou qu’elle ne l’ait jamais été !)

« Seul sur Mars, deux sur scène« , Roland LEHOUCQ, astrophysicien au CEA de Saclay, auteur de nombreux ouvrages grand public, Pierre THOMAS, professeur à l’école Normale Supérieure de Lyon, géologue de formation, mercredi 10 août, 21h30-23h00

Ensemble, les deux conférenciers décortiquent le film de Ridley Scott : « Seul sur Mars ».

Pour moi, c’est un grand moment du festival !

Les conférenciers nous signalent qu’il s’agit d’une conférence à deux expérimentale.

Pierre Thomas a vu le film deux fois malgré son aversion pour la science-fiction. J’avais repéré ce personnage pas du tout discret depuis le début du festival. Il est physiquement très imposant et a une voie très forte. Je suis bien content de le voir enfin en conférencier.

Quant à Roland Lehoucq, je lis tous les mois ses articles dans le magazine « Pour la Science » et je sais qu’il connait parfaitement toute la science-fiction, dans les moindres détails.

Mais à cette conférence, j’ai vite compris que j’étais bien en-dessous de la réalité en ce qui concerne Roland Lehoucq. Il nous montre un extrait du film de 2 minutes. Il nous précise qu’on va le regarder « à la Lehoucq ». Impressionnant : il arrête l’image parfois toutes les trois secondes pour attirer notre attention sur des détails que je n’aurais même jamais vus. Une donnée de pression et de température qui s’affiche, une taille relative entre le réacteur de la fusée et l’astronaute, d’autres données qui s’affichent. Il fait de tous petits commentaires : « Là, ce sont des graviers emportés par le vent qui volent » ; « La tempête ressemble à une nuée ardente » ; « Dans le scaphandre, il y a 1/3 de la pression de la capsule » ; « Pression des vents sur la capsule : 8600 N, heureux déjà que ce soient des Newton ! » etc… Ensuite, il reprend toutes ces données, calculs à l’appui et nous montre ce qui va et ce qui ne va pas. Par exemple, la pression partielle du dioxygène dans le scaphandre n’est pas bonne du tout : elle devrait être à 60% ! Autre exemple : les vents les plus forts sur Mars vont à 30 à 45 m/s. Or, avec une pression aussi ténue que celle que l’on trouve sur Mars, jamais ces vents ne pourraient soulever des graviers pour les emporter. Impossible aussi que la sonde Pathfinder soit ensevelie en si peu de temps. Par contre, dans le film, une tornade martienne est de 200 mètres de haut et cela colle avec la réalité. Ensuite, Pierre Thomas revient sur la question : « Comment faire de l’eau ». Le moyen le plus réaliste sur Mars serait de chauffer du gypse à 180°C : il contient 200 g d’eau par kg. Le gypse se présente en filons blancs, comme sur la Terre. Le sol de Mars contient 5 à 10% d’eau. Cela a été calculé en mesurant les neutrons crachés par le sol. 1 m3 de sol martien contient donc 100 litres d’eau. L’argile et la serpentine contiennent aussi de l’eau, mais il faut les chauffer à 800 °C pour l’extraire. On nous montre aussi comment de futurs astronautes pourraient faire de l’eau de manière très efficace en amenant sur place de l’hydrogène et en le combinant au CO2 martien pour en faire du méthane et de l’eau, ce qui permettrait même ensuite de produire de l’O2 par hydrolyse : la NASA travaille là-dessus…

Cultiver des patates dans le sol martien devrait être aussi impossible que sur le fond d’un lac desséché dont le sol est très salé.

Impossible aussi de maintenir une pression, même 1/3 d’atmosphère avec une simple bâche et du scotch : sur la surface d’une porte, cette pression exercerait une force équivalente au poids de 2 éléphants sur Terre ! Cela m’avait dérangé lorsque j’ai vu le film pour la première fois. Ce fut la seule erreur de physique que je remarquai tout seul dans ce film !

Quand le personnage se déplace sur Mars, il ne rencontre que des grès : normal, les images ont été filmées sur Terre dans un endroit spectaculaire pour les besoins du film : le désert de Wadi Rum en Jordanie. Sur Mars, les grès sont très rares.

Autre erreur : les couchers de Soleil sur Mars sont bleutés, le contraire de la Terre.

Quant au paysage autour de Pathfinder, il n’y a pas de falaise en réalité !

Pour finir, précisons que Roland Lehoucq a même regardé les formules sur le tableau du scientifique qui a calculé les trajectoires, quand ils viennent l’appeler au secours. Ce sont des formules toutes simples qui n’ont rien à voir avec les calculs des trajectoires des vaisseaux spatiaux : elles ont été placées ici pour compléter le tableau. Il s’agit cependant de vraies formules de la physique.

Mais attention, malgré ces « erreurs » volontaires ou pas pour faire plus beau et plus spectaculaire, le film est classé parmi les bons films. Ce n’est pas de la « Hard SF », mais peut-être déclenchera-t-il des vocations scientifiques dans la jeunesse de notre décennie…

THE MARTIAN

Une image spectaculaire du film « Seul sur Mars », du site : http://www.desert-guides.com/bac-a-sable/wp-content/uploads/2015/11/seulsurmars-rover.jpg

« Le nouveau visage de Mars« , Sylvain BOULEY, enseignant chercheur au laboratoire de géoscience Paris Sud de l’université de Paris Saclay, co-responsable du programme FRIPON et Vigie Ciel, vendredi 12 août, 11h15-12h45

Sylvain Bouley est planétologue et non géologue.

Il a en quelque sorte eu une nouvelle idée qui gagne toujours plus de partisans dans le monde de la planétologie. Il nous reparle de l’hémisphère nord de Mars à très basse altitude, alors que le sud est très cratérisé. Y a-t-il eu un impact géant dans le nord pour creuser cette dépression ? Impossible, vu la forme du bassin, pas du tout circulaire. Y a-t-il eu 5 impacts pour faire cette forme de bassin ? Pourquoi n’y a-t-il pas de telles traces d’impacts géants au sud alors ? Sylvain Bouley explique cela autrement. La partie sud de Mars se serait recouverte d’une « coquille » de matière par un énorme point chaud. Sur Terre, ces points chauds géants existent : les Trapps de Sibérie. Pour le dôme de Tharsis, l’histoire géologique serait la même, mais plus tard. Il fait 5000 kilomètres de diamètre et 12 kilomètres d’altitude. Résultat : l’axe de rotation de la croûte de Mars aurait changé de position lorsqu’elle aurait glissé autour de son noyau, comme la chair autour du noyau d’un abricot. Si l’on enlève le dôme de Tharsis par simulation, les pôles nord et sud changent de position. On a des preuves de ce basculement. 400 000 kilomètres de rivières ont été cartographiés à la surface de Mars. Les rivières se sont toutes formées dans une bande tropicale par rapport aux « paléo-pôles » que l’on a d’ailleurs retrouvés ! François Forget a démontré par simulations que c’est dans cette ancienne bande tropicale qu’il pleuvait le plus. Le conférencier nous parle aussi de vallées de débâcles au pied de Tharsis : 17 millions de m3 de débit ! Sur Terre, au Canada, il existe une telle vallée de débâcle. Au bord de ces vallées, on trouve de gros rochers qui ont roulé. Idem sur Mars. La sonde Phénix s’est probablement posée sur un de ces paléo-pôles. Cette théorie de Sylvain Boulet est admirablement expliquée dans le Ciel et Espace N° 546 (mars-avril 2016), pages 53 et 54. Précisons encore ici que la durée du basculement serait de un million d’années !

Je sors très content de cette conférence. Je suis convaincu que cette très récente « histoire de Mars » est la bonne et je n’en reviens pas qu’on réussisse à la retrouver : tout colle, encore fallait-il avoir l’idée de ce basculement provoqué par un gros déplacement de masses !

« De la mythologie à l’infini« , Elsa COURANT, titulaire d’un master « Littérature française », admise à l’agrégation de lettres modernes de l’ENS, et doctorante à l’ENS de Paris, donne des cours à Sciences Po, vendredi 12 août 2016, 15h00-16h30

C’est la seule conférence que j’ai vue dont le conférencier n’est pas scientifique.

Elle nous rappelle les différentes cosmogonies indiennes, grecques, à grand renfort d’images. Elle rappelle que quand on veut remonter aux origines, il y a plusieurs attitudes possibles. On peut refuser de chercher en dehors de ce qu’on connaît, on peut y mettre un ou des Dieux, ou on y met autre chose qui nous dépasse. Le ciel est un lieu sacré et on ne peut y mettre que des noms de divins.

Les auréoles autour des têtes des saints dans le monde chrétien, cela semble venir des mythologies indiennes.

Elle note aussi que dans toutes les mythologies, les dieux ont une sexualité, mais pas dans la chrétienne !

Longtemps, les étoiles font partie du monde des idées et des Dieux placés dans le ciel. Au XIXème siècle, on découvre qu’elles sont faites de matière comme la Terre !

Elle montre que la genèse du Coran est plus proche de la science d’aujourd’hui que celle de la Bible. Il n’y a pas dans le Coran « d’erreur » comme dans la Bible où le Soleil par exemple apparaît le 3ème jour, alors que les jours ne peuvent pas exister sans le Soleil.

Elle nous parle ensuite des croyances des grands scientifiques : Newton était croyant et voyait Dieu comme le Grand Horloger. Spinoza était croyant en un dieu panthéiste, c’est-à-dire que pour lui, Dieu, c’était tout l’univers. Louis Pasteur était croyant, mais il laissait Dieu en dehors de son laboratoire. Einstein était athée, tout comme Stephen Hawking. Aurélien Barrau est athée, il nous l’a dit lui-même, quand une femme a commencé à lui parler de Dieu à la fin de sa conférence.

Cette conférence était très différente de toutes les autres. Personnellement, je trouve que quand on parle de Dieu, ou des dieux, on mélange tout. Mais peut-on faire autrement ? Et ce qui m’a vraiment plu dans cette conférence, c’est que Elsa COURANT place toutes les croyances en un Dieu ou en des dieux au même niveau. Elle semble avoir un regard très extérieur et ne prendre aucun parti. Mais ce qui m’a déplu, c’est qu’elle place le multivers de dernier niveau de Max Tegmark au niveau des croyances, alors que ce sont des hypothèses scientifiques : je suis allé le lui dire à la fin. Elle m’a répondu qu’elle ne connaissait pas plus que cela les hypothèses de Max Tegmark.

« Pourquoi les extraterrestres ne sont-ils pas là ?« , Jean-Marc Levy-Leblond, physicien, professeur émérite de l’université de Nice, chercheur, enseignant, essayiste et éditeur, vendredi 12 août 2016, 21h30-23h00

Avant sa conférence, on a droit à 30 minutes de clôture du festival où l’on nous présente tous les organisateurs, les logisticiens, les secrétaires des bureaux, des caisses, les observateurs aux commandes des télescopes…

Le conférencier nous conseille d’entrée la lecture de deux livres : « Où sont les autres ? » de Proust et « Les extraterrestres expliqués à mes enfants » de Roland Lehoucq.

Hypothèses :

  1. Il y a de la vie ailleurs, c’est très plausible.
  2. Il existe des formes de vie évoluées, collectives et communicatives. Cela est plus incertain.

Un voyage interstellaire est-il possible ?

L’espace est très grand. Accélérer une seule tonne à 10% de la vitesse de la lumière consommerait l’énergie que consomme l’humanité en un an en 2016. Le voyage interstellaire est donc improbable.

Echange de signaux :

Qu’en est-il de l’échange de signaux avec d’éventuelles civilisations extraterrestres avancées ?

Si nous n’en avons pas, il y a trois solutions : soit ils ne veulent pas communiquer, soit ils ne peuvent pas communiquer, soit ils n’existent pas !

Ils ne peuvent pas

Le conférencier développe une seule idée : ils peuvent être très intelligents, voire plus que nous, mais cela ne signifie pas qu’ils soient capables de communiquer. Sur une planète océan, il pourrait y avoir des êtres très intelligents, par exemple des octopodes ayant une langue des signes très élaborée. Ils pourraient élaborer des philosophies très avancées. Mais il leur serait difficile d’avoir une technologie, simplement parce qu’ils ne pourraient pas découvrir le feu sous l’eau ! Pas de feu, pas de métallurgie, pas d’électromagnétisme, pas de machine, pas d’observation du cosmos…

Ils ne veulent pas

S’ils existent, sont très intelligents et ont une technologie très avancée, qu’ils utilisent des moyens de communication qui feraient des nôtres des moyens très primitifs, quel intérêt aurions-nous pour eux ? De plus, la durée d’aller-retour des messages rend la communication inutile.

Ils ne sont pas là

Quelle est la durée de vie d’une civilisation intelligente ? C’est la question clé ! Nous, nous n’avons que 200 ans de communication. Mais pourrions-nous détecter des signatures de la destruction de civilisations « intelligentes » suite à un holocauste nucléaire ? Suite à une catastrophe écologique majeure ?

La réponse scientifique très claire de Jean-Marc Levy-Leblond à la question de départ : Pourquoi ne sont-ils pas là ?

On n’en sait rien !

Mais il dit que cette question doit nous ramener vers les sciences sociales. Interrogeons-nous sur la connaissance de notre société humaine. Est-on capable de régler nos problèmes pour ne pas nous détruire ?

J’ai bien aimé cette fin de conférence !

Une question à la fin de la conférence m’a marqué. Quelqu’un demande : « Par rapport à l’ufologie, n’avez-vous, vous, aucun doute quant au fait qu’on ne les ait pas encore vus ? ». Le conférencier répond qu’il n’a vraiment aucun doute là-dessus. Il nous raconte une anecdote. Un jour, des chercheurs au Brésil, en Amazonie voient tout à coup au loin, des oiseaux qui s’envolent simultanément, effrayés, mais de trois points géographiques éloignés de plusieurs kilomètres ! Une impossibilité ! Quelques minutes après, cela se reproduit. Et encore une troisième fois plus tard. Ils continuent à observer. Puis le lendemain, aux mêmes heures, puis les jours d’après. Plus rien ! Impossible à expliquer. « Il doit y avoir quelque chose là-dessous que nous ne connaissons pas encore ! ». De retour dans la civilisation, ils s’aperçurent que le responsable était Zinedine Zidane qui mit trois buts contre le Brésil cet après-midi-là et que les villageois de la forêt ont tellement crié qu’ils ont effrayé les animaux aussi violemment qu’un prédateur.

Les cours

« Transitions de phases et défauts topologiques« , Sébastien RENAUX-PETEL, COURS FIL NOIR, chercher CNRS, IAP, cosmologie théorique, prix du jeune chercheur 2010, dimanche 7 août, 14h30-16h30

J’ai beaucoup aimé ce fil noir ! Mais je n’ai pas tout compris, les notions abordées sont devenues compliquées au bout d’un moment.

Mais le conférencier a expliqué très simplement ce qu’est un défaut topologique. Il a commencé par demander à 20 personnes de se mettre autour d’une table et a posé un bonbon entre chaque paire de personnes. Puis il a demandé aux personnes de prendre un bonbon très vite, sans réfléchir. Certaines personnes ont pris un bonbon à leur droite, incitant leur voisin à en faire de même. Mais à l’autre bout de la table, certaines personnes ont pris le bonbon à leur gauche, incitant aussi leur voisin à en faire de même. On comprend bien que lorsque le groupe de personnes ayant pris le bonbon à droite rencontre celui l’ayant pris à gauche, on va retrouver une personne sans bonbon et une autre avec 2 bonbons. C’est cela un défaut topologique.

Idem, si on a un lac qui gèle. Là commence à se former de la glace en rangeant ses atomes d’eau en un réseau hexagonal orienté dans une certaine direction. Plus loin, un autre réseau hexagonal orienté dans une autre direction. Quand les deux zones se rencontrent, on a un défaut topologique suite à la transition de phase de l’eau de la phase liquide à la phase solide.

On comprend que par analogie, lorsque l’univers s’est refroidi, il y a eu des transitions de phases, créant des défauts topologiques que l’on appelle des cordes cosmiques et qui ont une seule dimension. La masse au mètre est gigantesque, mais ce ne sont pas des « trous noirs filiformes », j’ai posé la question. On pourrait les observer grâce aux mirages gravitationnels qu’ils provoquent du fait de leur si forte masse. On ne sait pas s’il y a beaucoup de ces cordes. Attention de ne pas confondre ces cordes cosmiques qui peuvent être longues de plusieurs années lumières, avec les cordes de la théorie des cordes.

Les « murs de domaines », des défauts topologiques en deux dimensions ne semblent pas pouvoir exister.

J’ai eu du mal à comprendre les équations qu’a écrites le conférencier, donnant les formes de potentiels !

Il finit par nous parler des super fluides et des cristaux liquides.

« Anatomie d’une onde gravitationnelle« , Alexandre LE TIEC, COURS FIL ROUGE, LUTH de l’observatoire de Paris, enseigne la relativité générale en master à Paris, spécialiste des trous noirs, mardi 9 août 2016, 14h30-16h30

Il s’agissait ici de prolonger les conférences sur la détection d’ondes gravitationnelles et de montrer comment on sait à partir de l’onde qu’elle a été produite par des trous noirs et quelle est leur distance.

La relativité générale prévoit beaucoup de choses. La gravitation n’est pas une force, mais la manifestation d’une courbure de l’espace-temps. Un corps suit un « mouvement inertiel ».

Le conférencier nous parle des « cônes de lumière » dans l’espace-temps (dans les fameux diagrammes où l’on représente l’espace à 3 dimensions en une feuille et où la troisième dimension est le temps afin de permettre une visualisation). Ces cônes de lumière peuvent se déformer lorsque l’espace-temps se courbe.

Qu’est-ce qu’un trou noir ?

C’est une région de l’espace-temps (pas de l’espace !) d’où rien ne peut s’échapper. Si on le visualise dans un diagramme d’espace-temps, c’est une sorte de tube qui serait un cylindre si l’espace-temps n’était pas courbe. Et tous les cônes de lumière dont la pointe est dans ce tube ne peuvent « couper » ce tube.

Qu’est-ce qui caractérise une onde gravitationnelle ? Son amplitude A(t), fonction du temps, sa vitesse V, sa longueur d’onde λ,  sa période T=λ/V, sa fréquence f=1/T et sa pulsation ω=2π/T.

Il y a une différence entre la compacité d’un objet et sa densité.

Densité : ρ ∼ M/R3

Compacité ∼ (G/c2)(M/R)

Résultat contre-intuitif :

Système Compacité Densité
Proton

Lune

Terre

Soleil

Naine blanche

Etoile à neutrons

Trou noir

10-39

10-11

10-9

10-6

10-3

0.2

0.5

1015

3

5

1

107

1015

0

Ce qui est très contre-intuitif, c’est que la densité d’un trou noir est nulle et cela pose des problèmes au public dans la salle. Le conférencier explique que le calcul de la densité d’un corps se fait en divisant la masse par le volume, mais que dans le cas du trou noir, cela ne peut être appliqué, car la masse mesurée est nulle dans le volume « local » pris puisque toute la masse est dans une « singularité ». De plus, les notions de volume ne correspondent plus à rien dans un trou noir, tout comme celles de temps. Mais on s’en fout de tout cela, un trou noir n’est caractérisé que par deux nombres et ce qu’il y a dedans n’a pas d’importance ici.

Soit h, l’amplitude de l’onde.

Soit L, la luminosité gravitationnelle (la puissance).

Caractérisons la source, ici, la fusion de deux trous noirs :

Sa masse M, sa taille R, son quadrupôle ∼ MR2 (voir plus haut l’explication, conférence de Alejandro BOHE), son temps T, sa pulsation ω et sa vitesse v∼ωR.

M1 et M2 sont les masses des deux trous noirs avant fusion. M est la masse après fusion.

Le quadrupôle évolue au cours du temps : Q(t) ∼ MR2 cos(ωt) et donc sa dérivée par rapport au temps : dQ/dt  ∼ ωQ.

Je précise que la ligne qui précède a fait sursauter les matheux relecteurs de cet article ! Ils ne sont pas du tout d’accord, car la dérivée d’un cosinus donne -sinus. Or, Q(t) est en cosinus de t. Ma réponse fut que l’on fait ici une analyse dimensionnelle et qu’un sinus ou un cosinus n’ont pas de dimension. Quant à assimiler le sinus à un cosinus, j’ai répondu qu’il n’y a qu’un déphasage de π entre les deux et que cela ne changeait rien à la variation de la fonction Q en fonction du temps. Pour ce qui est de l’omission du signe « -« , j’ai répondu que cela ne changeait rien à l’analyse dimensionnelle. Réponse des matheux rigoureux : le signe « ∼ » a une signification bien précise. J’en déduis moi que cette emploi de ce signe n’est pas le même pour les mathématiciens et les physiciens qui manifestement pratiquent régulièrement ce genre de « transgressions » pour un matheux. Si un lecteur a des précisions à ce sujet, ses remarques seront les bienvenues… En espérant aussi que mes réponses aux objections sont bonnes !

L’amplitude de l’onde peut donc s’exprimer en fonction de la compacité :

h  ∼  (2G)/(c4D) × (d2Q)/(dt2)  ∼  (2G)/(c4D) × ω2Q  ∼  2R/D × (V/c)2 × (GM)/(c2R)

Avec (GM)/(c2R) qui n’est autre que la compacité en 1/R.

On veut donc une source compacte et rapide, pour détecter une onde avec une amplitude suffisante.

La luminosité gravitationnelle s’exprime :

L  =  G/(c5)  ×  (d3Q/dt3)2 × M2R4 ∼  G/(c5)  ×  (ω3Q)2 × M2R4  ∼  c5/G  × Q2  (V/c)6  ×  [(GM)/(c2R)]2

Pour arriver à écrire cette expression comme cela, on utilise la formule V=Rω, ou plutôt ω=V/R.

Pour ceux qui désirent vérifier l’exactitude de cette équation, il est bien plus facile de partir de l’expression de droite qui fait apparaître la compacité, pour retrouver celle de gauche !

R est supérieur ou égal à (GM)/c2 et V est inférieur ou égal à c d’où :

h inférieur ou égal à (GM)/(c2D) ≈  1021

L inférieur ou égal à c5/(5G) ≈ 1052 W     (!!!)

D’où, ce sont des systèmes binaires d’astres compacts.

Caractérisons la fréquence des ondes gravitationnelles :

Soit M, la masse du système, a son demi grand axe et ω sa vitesse angulaire :

La troisième loi de Kepler dit que :

GM = ω2a3

Or, v=ωa est inférieur ou égal à C et donc, on a a supérieur ou égal à GM/c2 , la compacité.

Exprimons maintenant la fréquence de l’onde gravitationnelle :

2πfog = ωog= 2ω (le facteur 2 vient du quadrupôle).

Par conséquent, fog est en 1/M.

Application numérique :

M=60 masses solaires, fog = 1 Khz

Si l’on décortique l’onde gravitationnelle GW150914, on y voit trois parties parfaitement prédites par la théorie.

La phase de spiralement, la phase de fusion (très non linéaire, il a fallu des décennies de calcul pour la modéliser !) et la phase de désexcitation.

Si l’on considère la première phase, on peut évaluer A(t), l’amplitude de l’onde qui va croissante lorsque les deux trous noirs se rapprochent en spiralant avant de fusionner. On peut aussi évaluer f(t) = 1/T(t), la fréquence en fonction du temps. A(t) et T(t) se « lisent » sur la courbe.

On utilise alors la formule du quadrupôle et on trouve un magnifique système à deux équations, deux inconnues, qui sont M, la masse de « gazouillement » ou du trou noir résultant et D, la distance de l’événement :

A(t) = (4G)/(c2) × (M/D) × (G/c3 × π f(t) M)2/3

&

df(t)/dt = 96/5 × c3/G × f(t)/M × (G/c3 × π f(t) M)8/3

Bien entendu, M est reliée à m1 et m2 :

M = (m1m2)3/5/(m1+m2)1/5

Quant à la résolution du système, elle donne :

M = c3/G × [(5/96) × π-8/3 × f(t)-11/3 df(t)/dt]3/5

&

D = (5c)/(24π2) × (df(t)/dt)/[f(t)3×A(t)]

L’application numérique donne :

M de l’ordre de 30 masses solaires, donc ce ne peuvent être que des trous noirs et D de l’ordre de 400 Mpc.

On peut connaître m1 et m2, mais ce serait trop compliqué ici.

Rien qu’avec la première phase de l’onde, on a donc les 3 masses (2 initiales plus la finale) et la distance du phénomène.

Avec la phase finale, on peut trouver les spins (100 tours par seconde).

Remarques :

J’ai compris tous les raisonnements qualitatifs.

Je n’ai pas compris la différence entre la masse de gazouillement et la masse du trou noir final.

Dernières précisions sur les ondes gravitationnelles :

Elles subissent l’effet Doppler.

Elles peuvent être polarisées.

Elles peuvent interférer entre elles.

Je suis sorti de la salle très content, car j’avais compris sur quoi s’appuyait ce qu’on nous dit dans les revues de vulgarisation sans nous expliquer pourquoi. Un grand moment du festival pour moi !

ondesgrav4-450x268

Les trois phases de la fusion des deux trous noirs se voient dans le signal. Image du site : http://blogs.futura-sciences.com/luminet/2016/02/10/la-lumiere-gravitationnelle-1/

« Comment courber l’espace-temps » (avec des champs magnétiques), André FÜZFA, COURS FIL NOIR, professeur à l’université de Belgique, spécialiste en relativité générale et cosmologie et spécialiste de la gravitation, mercredi 10 août 2016, 14h30-16h30

Le conférencier nous avertit qu’il s’agit d’un séminaire universitaire, d’un cours d’application. Le conférencier précise bien qu’il est le seul au monde à sa connaissance à travailler sur le sujet de la courbure de l’espace-temps à l’aide d’un champ magnétique.

Personnellement, je n’ai pas suivi grand chose, ce fut bien trop compliqué pour moi ! Voici cependant quelques notes que j’ai prises, parfois sans trop comprendre. Peut-être cela parlera-t-il à un lecteur plus avancé que moi sur ce sujet.

Il y a une différence entre la gravitation et une force centrifuge (la gravité artificielle des films de science-fiction la plus courante) : avec la force centrifuge, on a une force de Coriolis.

Le conférencier parle ensuite de « métrique », de matrice diagonalisable dans un référentiel en chute libre, de tenseurs…

WAOUH ! Un jeune assis à côté de moi semble tout comprendre. Je me permets même de lui demander des précisions parfois, il sait me répondre. A la fin, je lui demande quelles études il fait : il me répond qu’il vient de soutenir sa thèse de physique !

Mais je ne peux pas dire que je n’ai rien compris. Voici, ci-dessous l’équation de la relativité générale qui prédit qu’un champ électromagnétique peut produite de la gravité :

Rμν – (1/2) Rgμν = -(8πG)/c4 × (Tμν(mat) + Tμν(em))

Tentative d’explications :

μ et ν vont de 1 à 4 pour les 4 dimensions de l’espace-temps.

On reconnait là des tenseurs, mais sans entrer dans les détails, ce qu’il est important de comprendre, c’est que le membre de gauche donne la courbure de l’espace-temps (donc caractérisée par une « bête » mathématique que l’on appelle un tenseur) et le membre de droite est l’énergie, (mat) signifiant « matière » et « (em) » signifiant électromagnétique. Il y a donc une influence (une courbure) de l’espace-temps due à la présence de matière, mais aussi due à la présence d’un champ électromagnétique. Notons que le fait que la constante (8πG)/c4 est très petit a de l’importance.

Le conférencier précise ensuite qu’il faut écrire les équations de Maxwell dans l’espace courbe. De plus, si l’énergie courbe l’espace-temps, le champ d’énergie « ressent » ensuite la courbure qu’il a induite. Ce n’est donc pas simple du tout ! Des solutions à cette équation de la relativité générale ont été trouvées mais que pour des champs magnétiques infinis et réguliers. Aucune solution trouvée ne concerne des boucles de courant électrique fermées.

Pendant ensuite 40 minutes, le conférencier s’est mis à parler une autre langue que la mienne, (mais avec des mots français !).

A la fin, je comprends sa conclusion : le champ de force gravitationnelle induit par un courant électrique est en I2. Par contre le facteur très très petit de l’équation de la relativité dont on parle ci-dessus fait que typiquement, il faudrait des intensités électriques de 1025 Ampères pour obtenir un champ gravitationnel de 1 g.

Dans Star Trek, il est donc impossible que le champ gravitationnel à bord de l’Enterprise soit généré de cette manière. Les corps de Kirk et Spoke seraient déchirés par les forces électrostatiques. Le champ gravitationnel de l’Enterprise doit donc être généré par un champ n’ayant pas d’influence sur la matière. Le conférencier nous montre même la forme qu’aurait le champ gravitationnel de l’Enterprise s’il était généré par une bobine circulaire.

Dans la physique, il serait par contre très intéressant de pouvoir créer un champ gravitationnel mesurable et modulable.  Comment mesurer des champs gravitationnels aussi faibles ? La lumière qui ne se propagerait plus en ligne droite ? La déflexion de particules neutres ? En tout cas, cela serait un nouveau test inédit de la relativité générale. Le champ gravitationnel de la Terre et des autres astres est un champ induit par de la « matière composite ».

Mon expérience de ce fil noir confirme bien une chose que j’avais découverte lorsque j’étais étudiant : un cours ou une conférence où l’on « ne comprend rien du tout » n’existe pas. On arrive toujours à en saisir le principe, voire quelques détails. C’est juste la proportion de ce que l’on saisit qui peut parfois être petite.

En tout cas, en quittant ce cours, je me suis dit qu’un jour, je prendrai le temps de comprendre un peu mieux la relativité générale.

31151-uss-enterprise-star-trek-television-show-shows1

L’Enterprise de Star Trek doit générer son champ gravitationnel artificiel d’une autre manière qu’à l’aide d’un champ magnétique. Image du site : http://www.goliath.com/movies/24-hidden-details-you-may-have-missed-in-the-star-trek-reboots/

« Algo-astronomie« , Roger MANSUY, COURS FIL NOIR, enseignant en mathématiques et informatique en classe préparatoire du lycée Louis Legrand, président du comité de culture scientifique de l’Institut Henri Poincaré et ancien rédacteur en chef du magazine de mathématiques « Quadrature », jeudi 11 août 2016, 14h30-16h30

Rien à voir avec l’étoile Algol, « Algo » signifie ici « Algorithme ». Je connais bien Roger Mansuy de nom, car je suis lecteur très assidu depuis pas loin de 20 ans de la revue de « mathématiques pures et épicées » Quadrature.

Ce cours fil noir fut beaucoup plus abordable que le précédent.

Dans ce cours, le conférencier va d’abord nous définir un algorithme et ensuite nous en montrer un qui traite les images.

Le cours commence par des extraits de BD : « Tintin ». Différents exemples nous montrent que l’on applique tous des algorithmes tout le temps, dans la vie courante, sans nous en apercevoir.

Les algorithmes les plus célèbres de la presse : les moteurs de recherche de Google (basé sur les valeurs propres de très grandes matrices qui caractérisent le Net), surveillance automatisée (NSA), compression d’images, de vidéos, trading haute fréquence, voitures autonomes…

Il nous montre les 10 plus importants algorithmes du XXème siècle. La plupart datent des tous débuts de l’informatique (cela est présenté sur le Net).

Un algorithme est une recette : il est toujours à un état donné, il a un ensemble fini d’entrées (ingrédients), il a un ensemble fini de sorties (plats).

Définition N°1 : Un algorithme est une méthode de résolution d’un problème, décrite par un ensemble fini d’instructions écrites dans un langage formel non ambigu. Un algorithme n’est pas ambigu, mais il peut exploiter un peu d’aléatoire.

Définition N°2 : Un algorithme est une procédure permettant de calculer une fonction numérique.

Les définitions N°1 et N°2 sont équivalentes, parait-il !

Pour étudier un algorithme, il faut porter son attention sur trois points :

  1. Se termine-t-il ?
  2. Quelle est sa complexité, ou en combien de temps se termine-t-il dans le pire des cas ? Exemple : si l’entrée a une taille de 1000 bits, et si sa complexité est en O(log n), le temps d’exécution est de l’ordre de 3, si la complexité est en O(n), le temps d’exécution est de l’ordre de 1000, si en O(n2), de l’ordre de 106, si en O(n3), de l’ordre de 109 et le pire des cas, s’il est en O(en), le temps explose, c’est la panique !
  3. Renvoie-t-il ce que nous attendons ?

Il existe un logiciel qui s’appelle COQ qui permet d’examiner ce troisième point, mais il est très difficile à programmer.

Le conférencier nous présente des cas d’école : classer un tableau d’entiers par ordre croissant. On voit des algorithmes évidents pour résoudre ce problème qui sont tous en O(n2). Mais il nous en montre un qui est en O(n log n) et on peut prouver qu’il est optimal !

Application à l’astronomie avec l’instrument SKA.

Signalons au passage que le SKA produira 1000 Po (ou 1 000 000 000 Go) de données par année. Pour exploiter ces données, il faudra par contre analyser 1000 Po par jour : c’est le projet de tous les records, qui dépasse de loin le LHC du CERN. C’est pour 2024 et nul humain ne pourra analyser une telle quantité de données. Elles seront analysées par des algorithmes très sophistiqués.

Dans le cadre de cette conférence, on va simplifier à l’extrême. Comment repérer la ou les zones d’intérêt dans une image numérique ?

Par exemple, voici une image :

3 0 0 0 0
0 0 12 21 0
0 2 32 58 0
0 7 0 3 0
0 2 0 0 0

Il se passe manifestement quelque chose d’intéressant dans un carré 2*2 qui est autre chose que du bruit et que le cerveau humain identifie immédiatement (mais essayez d’identifier les zones intéressantes sur une image à plusieurs millions de pixels, juste en regardant sa matrice numérique !!!). Attention, a priori, on ne savait pas que le rectangle intéressant était de côtés 2*2. On cherche en fait le rectangle de taille i*j ayant la plus grande somme. Pour éviter que le logiciel ne nous donne comme rectangle le plus intéressant la solution triviale qui consiste à prendre le plus grand rectangle possible, c’est-à-dire toute l’image, on opère une translation par exemple en enlevant 10 à tous les éléments du tableau (cela restera la même image, mais il faut au préalable savoir combien il faut enlever pour que ça marche). Cela donne l’image translatée suivante :

-7 -10 -10 -10 -10
-10 -10 2 11 -10
-10 -8 22 48 -10
-10 -3 -10 -7 -10
-10 -8 -10 -10 -10

Si on teste en faisant les sommes de tous les rectangles possibles de toutes les tailles possibles, on sera en complexité O(n6) et donc, pour une petite image de n = 1 million de pixels, il nous faudrait déjà effectuer 1036 opérations, ce qui représente plus que tous les calculs faits par tous les ordinateurs de l’être humain depuis les débuts de l’informatique ! Il faut donc trouver une autre solution.

En 2002, un Monsieur TAKAOKA a écrit un algorithme incroyablement plus efficace en O(n3×[(log log n)/(log n)]1/2), mais le nombre d’opérations à effectuer reste colossal ! Nous ne détaillerons pas ici !

Bien entendu, ce genre d’algorithmes peut aussi servir à détecter des cellules tumorales sur les images médicales, et encore à bien d’autres choses.

À lire :

Approximation algorithms, Vazirani, http://www.cc.gatech.edu/~vazirani/Vazirani.pdf

Les 100 algorithmes qu’il faut avoir programmés dans sa vie, M. Vie et M. Dürr : http://www.editions-ellipses.fr/product_info.php?products_id=10829

À voir :

Sur Internet, marIO : il s’agit d’une intelligence artificielle qui apprend à jouer au jeu de Mario et qui se créé pour cela un réseau de neurones. A la fin, elle devient aussi forte que les meilleurs humains, mais la surprise, c’est qu’il ne lui a fallu que le nombre ridiculement faible de 150 neurones pour avoir le niveau maximal au jeu de Mario ! http://www.numerama.com/magazine/25685-super-mario-bros-joue-par-une-intelligence-artificielle.html

Ce fil noir m’a vraiment beaucoup plu !

Roger Mansuy semble tellement au courant des développements informatiques, que je n’hésite pas à la fin à aller lui poser une question qui me travaille depuis bien longtemps. En ce qui concerne les logiciels de calcul formel, il y a les payants (Maple, Mathematica, Matlab…) et les logiciels libres comme Sage.

Lequel dois-je prendre pour mes travaux sur les suites aliquotes ?

Il me répond tout de suite « Sage », ce qui confirme mon opinion. On sait ce qu’il y a dedans et beaucoup de chercheurs le perfectionnent sans cesse. Et sous Linux, je peux lancer autant de programmes que je veux sur autant de threads que je veux (mais mon expérience me montre qu’il ne faut jamais lancer plus de programmes qu’on n’a de threads !).

Les cafés

J’ai assisté à 4 cafés astro et à un hommage à André BRAHIC.

Je n’ai pas pris de notes pendant les cafés. On paye 5€ et on s’assied dans les tribunes du terrain de foot avec une boisson de notre choix et commencent les questions du public pendant une heure. Chaque jour, il y a un thème et 4 conférenciers en face du public. C’est Patrick LECUREUIL qui arbitre la chose. Je suis allé à mon premier café sans conviction, juste pour voir, mais cela m’a tout de suite plu et je n’en ai plus raté, sauf un seul, sinon, je n’aurais pas pu aller voir le film ‘The Visit ».

C’est une formule très sympathique. On y apprend un tas de choses que les conférenciers ne pensent pas à nous dire lors de leurs conférences. Les questions du public parfois naïves peuvent faire sourire, mais les scientifiques ont une patience à toute épreuve et cherchent vraiment à ce que les gens comprennent. Et surtout, c’est le seul endroit du festival où les scientifiques confrontent leurs idées, se corrigent de choses mal dites, j’ai trouvé cela très intéressant.

Exemples :

Au café du dimanche sur le système solaire, je retiens surtout l’incroyable déception d’un jeune adolescent quand il demande aux chercheurs : « Quand ira-t-on sur Mars ? ». Réponse : peut-être jamais, il y a trop de problèmes pour faire cela. Et quel intérêt alors que les robots peuvent y aller à notre place. Moi, je crois que cette réponse est erronée et que l’homme ira bientôt sur Mars et qu’il surmontera tous les obstacles : technologiques, psychologiques, économiques et le pire de tous, l’obstacle « sociologique » comme je l’appelle, qui se révèle dans toute sa splendeur quand on entend la question (pas au festival de Fleurance, mais ailleurs) : « Pourquoi dépenser des milliards pour envoyer des hommes sur Mars alors que des gens meurent de faim ici sur Terre ? ». Je pense au contraire que si l’on pose le pied sur Mars, alors l’humanité aura grandi sur tous ces points. Se priver de Mars n’arrêtera ni les famines, ni les guerres qui les provoquent.

Le café du lundi a été remplacé par l’hommage à André Brahic. Quelle émotion ! On y voit un film de 25 minutes plein d’extraits de ses conférences. Il en ressort son incroyable optimisme. Impossible de décrire ici ce moment, ni tout ce que dit André Brahic. Mais je retiendrai une de ses citations : « Si j’étais président de la République, mes priorités seraient l’éducation, la culture et la recherche ». André Brahic avait une peur bleue de la montée de l’obscurantisme. Et cela m’inquiète aussi, car si ce grand optimiste avait peur de cela, c’est que la menace est réelle ! Car moi aussi, j’en ai très peur !

Le café du mardi avait pour sujet le multivers. Hubert Reeves et Aurélien Barrau n’étaient jamais d’accord ! Ils argumentaient l’un contre l’autre, mais sans se disputer, avec leur réflexion. J’ai cru comprendre qu’Hubert Reeves n’aime pas trop l’idée du multivers qui doit lui sembler trop spéculatif.

Le café du mercredi sur les ondes gravitationnelles a battu le record de questions sans sens sur les trous noirs : comment peuvent-ils avoir une densité 0 etc… Je pense vraiment que les trous noirs dont l’existence est enfin démontrée sont les objets qui fascinent le plus le public (et les scientifiques d’ailleurs).

Le café du vendredi avait pour sujet les exoplanètes. Agnès Fienga répondait aux questions tout en travaillant sur son ordinateur portable. Il parait qu’il y avait eu un précédent l’année dernière avec Cédric Villani, le médaillé Fields qui était présent au festival de Fleurance. Et surtout, Pierre Thomas et Franck Selsis ont tout de suite repris Agnès quand elle a dit, en parlant des zones habitables pour les exoplanètes en ces termes : « zone où la vie peut se développer ». On n’a pas le droit de dire cela. Il faut dire « zone où l’on peut trouver de l’eau à l’état liquide ». Pierre Thomas précise aussi que si l’on enlève la Lune à la Terre, on entend toujours dire que la vie ne pourrait alors pas se développer à cause des amplitudes saisonnières trop importantes : la Lune stabilise l’axe de rotation de la Terre. Il faut préciser la « vie complexe ». La vie simple des abysses n’a que faire des amplitudes saisonnières. NOTION FONDAMENTALE : Les marqueurs de vie dans l’atmosphère d’une exoplanète ne seraient pas le CO2 ou le méthane seuls, mais les deux à la fois, car pour maintenir un tel déséquilibre chimique, il faut une production active, rapide et régulière. Attention, l’absence de l’un des deux gaz ne signifie toutefois pas absence de vie. J’ai adoré le mot de la fin de ce café d’Ugo Bellagamba, auteur de science-fiction. Pour répondre à des questions sur le droit d’exploitation dans l’espace, sur les propriétés des astres et autres, il nous raconte le point de départ d’une série de romans de science-fiction dont le titre est « Le guide du routard galactique » de Douglas Addams. Un jour, des extraterrestres arrivent sur Terre. Ils nous saluent et nous demandent où nous en sommes dans notre évacuation. Quelle évacuation ? Mais il y a quelques millions d’années, on vous a prévenus que vous vous trouviez juste sur le tracé d’une autoroute intergalactique et que vous deviez évacuer. Désolé, on n’a pas eu l’info. Et les extraterrestres explosent la Terre !

Les films

Tous les jours, un film scientifique ou de science-fiction est diffusé au cinéma « Grand Angle » de Fleurance.  Bien entendu, un débat suit la projection. Il y avait la projection de « Seul sur Mars », mais je l’avais déjà vu et si j’y étais allé, j’aurais raté la conférence d’Aurélien Barrau. Il y avait « Moonwalk One », mais je l’ai aussi déjà vu au Bel Air de Mulhouse. Il y avait « Agora », le film espagnol de Alejandro Amenabar, et là j’ai cru comprendre que j’ai raté un bon film, mais si j’y étais allé, j’aurais raté la conférence d’André Füzfa du lundi. Il y avait encore d’autres films documentaires…

« The Visit, une rencontre avec des extraterrestres »

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Affiche du film prise sur le site : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-233994/photos/detail/?cmediafile=21215174

Je ne suis donc allé voir qu’un seul film : « The Visit ». Mais le programme à son sujet était erroné, il ne s’agit pas du film d’horreur du même titre, mais bien du film qui essaie de voir ce que l’on devrait faire en cas de visite extraterrestre. J’étais au courant de cette erreur de programme. Le titre complet est « The Visit, une rencontre avec des extraterrestre ». Acteurs inconnus, film de Mickael Madsen, film Danois, Autrichien, Irlandais, Finlandais, Norvégien, Suédois, Néerlandais.

Le réalisateur interroge des sociologues, des scientifiques, des politiques, des religieux, sur la conduite à tenir en cas de premier contact, de première visite extraterrestre intelligente. Ils réfléchissent à tout ce qu’il faudrait leur dire, aux questions qu’il faudrait leur poser. Faut-il avertir le public, au risque de déclencher la panique générale ? Faut-il envoyer l’armée ? Faut-il envoyer un porte-parole de l’humanité ? Quel devrait être le rôle de nations, de l’ONU… Finalement, les extraterrestres repartent sans avoir eu la moindre discussion avec aucun membre de l’humanité. Le film ne dit pas pourquoi ils repartent et moi, c’est surtout cela que j’ai apprécié. C’est unique et cela m’interroge encore plus que s’il y avait eu discussion philosophique, conflit ou autre. Pourquoi sont-ils repartis ? Ont-ils considéré que nous ne sommes pas prêts ? Que nous sommes finalement bien trop stupides ou trop développés ? Voulaient-ils simplement que nous sachions que nous ne sommes pas seuls ?

Dans la salle, étaient présents Roland Lehoucq, Jérôme Perez, Jean-Philippe Uzan, Alexandre Le Tiec, Elsa Courant…

A la fin du film, la première question posée par le public : « Que feriez-vous si vous étiez en face d’extraterrestres lors de notre premier contact ? »

Réponse de Jérôme Perez : je me tairais et je les observerais longuement sans rien dire. Ils feraient certainement pareil. Les ethnologues font tous cela quand ils prennent contact avec une tribu isolée jusque là. Il critique assez violemment le film en disant que les questions que posent les gens aux extraterrestres dans le film sont consternantes. « Venez-vous pour nous faire du mal ? ». De toute façons, dit-il, s’ils ont réussi à venir ici, ils ont tant d’avance sur nous que s’ils nous veulent du mal, on est mal barrés ! Il a de plus noté qu’il n’y avait aucun sourire de la part des terriens. Une personne dans la salle qui a plutôt aimé le film commence à argumenter dans l’autre sens. Cette personne sortira au bout de quelques minutes. Waouh, elle prend le sujet vraiment à cœur. Elle a estimé que le débat n’était pas pris au sérieux, car le film n’essuyait que de mauvaises critiques. Arrive aussi la question de la rencontre entre une civilisation avancée et une moins avancée, où c’est soit disant la plus avancée qui extermine la moins avancée. Jean-Philippe Uzan et Roland Lehoucq n’ont pas du tout l’air d’accord avec cela, de même que Jérôme Perez au final : c’est une question de chance quand à celle qui prendra le dessus. Les conquistadors espagnols ont pris le dessus sur les indigènes d’Amérique car ils ont « eu de la chance » en amenant  involontairement le virus de la variole qui a fait le travail. Les conférenciers en parlent même comme d’une idée dangereuse, celle qui consiste à dire que la supériorité technologique donne le pouvoir. Dangereuse pour quoi ? Pour qui ? Pour la science ? Pour le scientifique ? Sur ce point précis, je ne les comprends pas. Que pourraient faire 1000 hommes armés d’arcs et de flèches contre un blindé armé d’obus chimiques ?

Jérôme Perez nous parle aussi de la classification des civilisations de Dyson et Kardashev, en précisant que nous, terriens, nous sommes une civilisation de type 0.7. On se rapprochera du type I lorsque l’on maîtrisera la fusion nucléaire. Cette classification semble être une référence assez sérieuse.

Elsa Courant est choquée que dans le film, les autorités se posent la question « Faut-il l’annoncer au grand public ? ». Car bon sang, cela nous concerne tous !

D’autres personnes dans la salle se demandent comment ils pourraient comprendre notre langue et nos questions.

Les jours qui ont suivi le film, j’ai repensé à tout cela. Ma réflexion personnelle, la voici. L’homme est manifestement plus intelligent que les animaux : cela reste encore à prouver. Disons qu’il maîtrise une technologie supérieure à tout animal, cela semble plus vrai. Imaginons qu’un groupe d’humains décide d’aller visiter un groupe de lions dans son milieu naturel. Il peut y aller pour la chasse. Il peut y aller pour les observer, pour les filmer. S’il y va pour la chasse, quelle que soit la réaction des lions, ils vont probablement mourir. S’il y va pour l’observation, il décidera de s’approcher plus ou moins, en fonction de la réaction plus ou moins agressive des fauves. Ce sont en tout cas les humains qui mèneront la rencontre et qui décideront de s’approcher plus ou moins, suivant la réaction des lions. S’il l’on devait être visités par des extraterrestres, les rôles s’inverseraient. Eux, ils auraient probablement déjà visité plusieurs autres civilisations : des agressives, des pacifiques, des folles, que sais-je. En tout cas, ils auraient toute l’expérience que nous n’avons pas. Nous, n’ayant aucune expérience, on réagirait de manière tout à fait imprévue. Et eux, ils sauraient réagir en fonction de notre réaction à nous, suivant leurs intentions. Alors pourquoi nous fatiguer à établir un protocole ? Eux l’auront déjà établi et bien mieux que nous. En ce sens, je serais plutôt d’accord avec Jérôme Perez : les regarder et attendre : ils feront le reste, pour le meilleur ou pour le pire !

La vente de livres

On voit souvent à ce genre de manifestations des ventes de livres. Mais en général, il s’agit de livres pour la jeunesse et je n’ai même pas envie de les feuilleter.

Au festival d’astronomie de Fleurance, je m’aperçois que j’aurais envie d’en lire plus de la moitié ! Il y a même le livre de Pierre Binétruy « A la poursuite des ondes gravitationnelles » (la bible en ce qui concerne ce sujet) ou un magnifique livre sur l’IHP, « La maison des mathématiques » de Cédric Villani, Jean-Philippe Uzan et Vincent Moncoré. Je l’ouvre, je n’ai jamais vu de telles photos de mathématiciens au tableau, quant aux textes… Sans commentaire. Il y a des livres de Roland Lehoucq, Guillaume Lecointre, Jean-Philippe Uzan, Huber Reeves, Aurélien Barrau et de tant d’autres.

Je craque pour un livre de poche de Cédric Villani, « Théorème vivant« , dont je savoure chaque passage entre deux conférences… Et je ne suis pas le seul. Au festival de Fleurance, on rencontre partout des gens qui lisent des livres d’astronomie et de mathématiques, même dans les tribunes du stade de foot alors qu’un match est en cours. D’autres écrivent des équations sur leur ordinateur portable. Qui sont-ils ? Des étudiants, des conférenciers dont je ne connais pas encore le visage ?

Tout ce dont je n’ai même pas encore parlé

Il y a tant de choses, tant de conférences, tant d’événements auxquels je n’ai pas pu assister à ce festival. C’est impossible.

Le marathon des sciences est une légende pour moi, mais je n’y ai pas assisté, il avait lieu le samedi et je ne suis arrivé que ce jour-là.

Les conférences manquées de Patrick Lécureuil, Frédéric Daigne, Agnès Fienga, Julien D’Hui, Brigitte Zanda, Jean-Jacques Dupas, Philippe Gaudon, Jérôme Pérez, Bernard Piettre, Nicolas Curien, Bertrand Devouard, Jean-Louis Dufresne, Juan-Manuel Garcia-Ruiz, Pierre-Henri Gouyon, Guillaume Lecointre, Michel Desmurget, Vincent Botems, Ugo Bellagamba, Joël Collado, Franck Selsis, Pierre Thomas, Hubert Reeves, Bruno David, Brigitte Zanda, Roland Lehoucq, Peter Von Ballmoos, je les regrette.

Les microfusées, j’aurais bien participé à cet atelier un jour pour voir !

Le Kangourou des mathématiques : je le fais chaque année passer à mes élèves, mais là aussi, par manque de temps, je n’ai pas passé l’épreuve.

Les Montgolfières et les ballons sondes m’auraient aussi intéressé.

Les observations sont les seuls événements manqués que je ne regrette pas. Au CAW au cours d’un camp, on observe à fond !

CONCLUSION

Je ne vais pas oublier dans cet article de tirer mon chapeau aux organisateurs, qui font un boulot phénoménal pour organiser chaque année le plus grand festival scientifique d’Europe. En plus, personne à Fleurance n’est dénué d’humour, surtout pas Bruno Monflier, le grand chef !

J’ai bien ri, j’ai bien mangé dans tous les petits restaurants de Fleurance, j’ai fait de belles balades dans la forêt aux alentours, j’ai appris beaucoup de choses. Et surtout, j’ai rencontré beaucoup de gens modérés, tolérants, fascinés par la recherche, parfois même plus que moi…

Ce festival est merveilleux ! Je m’interroge tout de même : comment se fait-il qu’avec 24 000 entrées (entrées, pas participants : à moi tout seul, j’en totalise peut-être 20 s’ils comptent les cafés), ce soit le plus grand festival scientifique d’Europe alors que les concerts de groupes de rock ou les matchs de foot font 80 000 entrées et qu’il y en a une multitude tout au long de l’année.

Oui, avec André Brahic, on a raison d’avoir peur de la montée de l’obscurantisme !

 


A propos de Jean-Luc GARAMBOIS

Formation en physique. Passionné par tous les sujets d'astronomie et plus particulièrement par le ciel profond : les quasars et les galaxies. Passionné en parallèle par les mathématiques et en particulier par les suites aliquotes. Passionné aussi par l'intelligence artificielle. A toujours du temps pour discuter de l'un ou l'autre de ces sujets.

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